Présidentielle 2018 au Mali : Le pays toujours en attente des résultats d’un scrutin émaillé par plusieurs actes de violence

Par kibaru

Comme annoncé, le premier tour du scrutin présidentiel au Mali a bien eu lieu, hier dimanche 29 juillet. Ils étaient exactement 8 millions 462 électeurs répartis sur les 23 041 bureaux de vote, à être appelés aux urnes. Lesquels devaient se prononcer sur les 24 candidats en lice dont les deux grands favoris à savoir le président sortant Ibrahim Boubacar Kéïta, candidat à sa propre succession et le chef de file de l’opposition qui était également son principal challenger dans le scrutin de 2013, Soumaïla Cissé. Les résultats sont attendus d’ici vendredi prochain, conformément aux lois du pays.

A noter que comme beaucoup le craignaient, certaines zones du pays n’ont pas pu voter à cause de l’insécurité et d’autres facteurs tels que les intempéries dans de nombreux endroits. Ainsi, de sources officielles ont déclaré ce lundi que le vote n’a pas eu lieu dans près de 716 bureaux en raison d’" attaques à main armée et autres violences" notamment au Nord et au centre du pays. Sur ces chiffres qui représente un peu plus du quart des circonscriptions au Mali privés d’élection, on notera que le vote s’est déroulé dans 3988 autres bureaux dans ces zones, mais il a été très perturbé par endroit. Toujours, ce lundi, l'on déclare que 89,96% des bureaux de vote soit 22325, le scrutin s'est déroulé normalement. Pourtant, dans la nuit d'hier dimanche, l'on annonçait que le nombre de bureau où le vote n'a pas eu lieu était de 644. 

Actuellement, les yeux sont rivés sur le taux de participation que d’aucuns estiment très « faible ». C’est le lieu de rappeler que le taux de participation aux élections présidentielles en Afrique de l'Ouest est en moyenne de 62%, mais seulement de 37% au Mali, où il atteint 45% en 2013.  Toutefois, avec la recrudescence des violences armées notamment dans le centre et une partie du Nord, la participation de 2018 pourrait être inférieure ou égale à celle de 2013.

Signalons aussi que quelques jours avant les élections, le débat était centré autour du fichier électoral, car l’opposition accusait le pouvoir de vouloir tripatouiller les urnes à travers la mise en ligne d’un fichier électoral autre que celui audité par l’OIF en avril dernier et la prise d’un arrêté par le ministre de tutelle autorisant le recours « massif, systématique et abusif » au vote par procuration. Certains candidats comme le chef de file de l’opposition avaient même menacé de retirer de la course, si cette situation n’est pas changée. Apparemment, un accord a été trouvé pour que tous les 24 candidats participent à ce scrutin. Ceci, grâce aux concertations initiées par le Premier ministre avec la classe politique ayant abouti à l’ouverture des différentes phases du processus de vote et de la centralisation des résultats aux missions d’observation électorale ainsi que l’annulation de l’arrêté ministériel dur la procuration.

Rappelons aussi que des groupes extrémistes comme le JNIM d’Iyad Ag Ghali ont mis leurs menaces à exécution en ciblant des zones comme Aguelhock dans la région de Kidal où plusieurs roquettes sont tombées dont une près d’un bureau de vote. Malgré des actes de violence, de sabotage et d'intimidation, il n’y a pas eu d’incidents majeurs occasionnant des morts comme ce fut le cas lors des municipales de novembre 2016. Toutefois, des sources font état de l’assassinat du chef de village de Dogofry, hier, dans des conditions non encore élucidées.

Les résultats provisoires sont donc attendus d’ici vendredi. En attendant, certains n’hésitent pas à braquer leurs oreilles près de la Cour Constitutionnelle qui va certainement se prononcer sur la validité du scrutin compte tenu des incidents enregistrés.

Outre le président IBK et Soumaïla Cissé, parmi les autres candidats marquants figurent aussi Alou Boubacar Diallo – soutenu par le chérif de Nioro – Cheick Modibo Diarra – ancien Premier ministre sous la transition de 2012 - Modibo Sidibé, également Premier ministre sous ATT.

Aux côtés de ceux-ci, il y avait aussi 6 anciens ministres sous l’actuel pouvoir à savoir Dramane Dembélé, Mountaga Tall, Housseyni Amion Guindo, Choguel Kokala Maïga, Mohamed Ali Bathily et Mamadou Igor Diarra.