Processus de paix : La CMA et la Plateforme suspendent leur participation au sous-comité politique

Par kibaru

 

Dans le but d’éclairer l’opinion sur leur décision de suspendre leur participation aux travaux du sous-comité politico-institutionnel, des leaders de la Plateforme et la CMA ont animé hier une conférence de presse. Ils ont ainsi dénoncé la démarche unilatérale du gouvernement qui ne les associe pas dans la mise en œuvre de l’accord. Outre cette question, ils ont aussi fustigé l’attitude des forces étrangères qui selon eux, se livrent à des « arrestations arbitraires, assassinats ciblés, tortures, harcèlements, agressions de toutes sortes » contre des populations civiles au nord du pays.

Ainsi, le processus de paix, qui a déjà accusé un grand retard, connait un nouveau blocage. En effet, mécontentes de la manière dont le gouvernement met en œuvre l’accord, la Plateforme et la CMA ont suspendu leur participation au sous-comité politique et sous-comité politico-institutionnel. Une décision motivée, selon eux, par le fait qu’aucune démarche consensuelle sérieuse n’a été entreprise par le gouvernement pour accélérer la mise en œuvre de l’accord. Ils ont attiré l’attention sur le fait que les acteurs sont en train de commettre les mêmes erreurs qui ont conduit à l’échec des accords précédents. A ce sujet, ils affirment que pour les autorités c’est l’aspect sécuritaire qui prime sur tout le reste. Or, pour les mouvements, afin d’éviter les erreurs du passé, il faut que l’aspect politique et celui concernant la sécurité soient mis en œuvre concomitamment. Raison pour laquelle ils insistent sur la nécessité d’installer les autorités intérimaires tel que prévu par l’accord. En clair, pour les mouvements, c’est cette question qui va déterminer la bonne marche du processus. Car, une fois ces autorités mises en place des patrouilles mixtes peuvent être menées pour les sécuriser et les préparatifs des futures élections peuvent se faire sans crainte. Cela va même permettre de sécuriser ceux censés mettre en œuvre le plan d’urgence humanitaire afin d’aider les populations du Nord. Ils ont ainsi dénoncé les tergiversations du gouvernement. D’après eux, celui-ci a paraphé avec les mouvements récemment une convention subsidiaire fixant les modalités de mise en place des autorités intérimaires avant qu’il ne revienne sur cette décision. Pire, toujours selon eux, le gouvernement a  même contourné les prérogatives des mouvements en élaborant un projet d’accord sur les autorités intérimaires pour discuter avec d’autres acteurs sans les mouvements. En plus de cela, ils ont aussi reproché certains membres du gouvernement de s’immiscer dans les affaires internes des mouvements attisant ainsi la division entre eux. Ils ont cité en exemple la proposition faite par le gouvernement aux mouvements de désigner deux membres afin de finaliser la composition de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). A leur grande surprise, ils affirment que c’est un seul élément qui a été pris en compte et l’autre a été désigné par le ministre en charge de la question sans passer par les structures des mouvements.

Par ailleurs, ils ont aussi dénoncé les agissements des forces internationales telles que la MINUSMA et Barkhane. Ils accusent ces derniers de commettre des violations des droits humains. Le dernier cas en date a été la torture jusqu’à la mort d’un septuagénaire parti à la recherche de ses enfants après une attaque à la mine qu’a subie une patrouille de la MINUSMA, le 18 mai dernier, près d’Aguelhok. Ce vieux qui s’appelait Almoustafa Ag Intisniyiken a été interpellé comme suspect dans le cadre d’une opération de ratissage par les forces de la MINUSMA après cette attaque qui a tué cinq casques bleus du contingent tchadien. Il est mort suite aux coups de crosse qu’il a subis et ses deux enfants âgés respectivement de 10 et 12 ans ont été emprisonnés puis transférés à Bamako. Pour les mouvements de tels agissements sont régulièrement commis par les forces internationales au nord du pays sans y associer les autorités maliennes. Ils ont menacé de ne plus tolérer de tels comportements.