Après des déconvenues importantes dans la région du Sahel, la France revoit de manière significative sa présence militaire en Afrique. Cette décision fait suite à une série de défis sécuritaires et politiques rencontrés dans la région, remettant en question l'efficacité de l'engagement militaire français sur le continent.
Le Sahel, vaste bande géographique s'étendant de l'Atlantique à la mer Rouge, est depuis une décennie le théâtre d'opérations militaires majeures pour la France. L'Opération Barkhane, lancée en 2014, avait pour objectif de lutter contre les groupes jihadistes actifs dans la région. Cependant, malgré les efforts déployés et les ressources considérables engagées, les résultats escomptés n'ont pas été atteints. Les groupes armés non étatiques ont continué de prospérer, alimentant une spirale de violence qui a déstabilisé plusieurs pays, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Les coups d'État militaires, l'instabilité politique et les critiques croissantes de la population locale à l'égard de la présence étrangère ont compliqué davantage la mission française.
Face à ces défis, Paris a décidé de réduire sa présence militaire sur le continent africain. La présence militaire au Gabon sera réduite à une centaine de soldats, contre 350 actuellement. De même, le contingent au Sénégal sera réduit à 100 militaires, alors qu'il est aujourd'hui de 350. En Côte d'Ivoire, la présence sera diminuée de plus de moitié, passant de 600 à 100 soldats. Au Tchad, la réduction sera également significative, avec une présence militaire passant de 1 000 à 300 soldats. Il y a deux ans, les effectifs militaires français en Afrique dépassaient les 6 600 soldats. Cette réduction drastique marque un tournant dans la politique de défense française en Afrique.
Plusieurs raisons expliquent cette révision stratégique : l'efficacité limitée des opérations militaires qui n'ont pas réussi à stabiliser durablement le Sahel, la fatigue politique et sociale en France comme en Afrique, avec des critiques multipliées contre une présence militaire perçue comme inefficace et coûteuse et un changement de priorités avec une volonté de recentrer les efforts sur des partenariats plus équilibrés et moins axés sur la présence militaire directe.
La réduction de la présence militaire française en Afrique ne signifie pas un désengagement total. Paris continue de privilégier des partenariats avec les forces locales et les organisations internationales pour combattre le terrorisme et promouvoir la stabilité. De nouvelles stratégies, incluant le renforcement des capacités locales et un soutien logistique et en renseignement, sont envisagées pour assurer la sécurité régionale.
La révision de la présence militaire française en Afrique, déclenchée par les échecs au Sahel, marque un tournant dans la politique de défense de la France sur le continent. Cette décision reflète une prise de conscience des limites de l'approche militaire traditionnelle et une volonté de s'adapter à une situation sécuritaire complexe et évolutive. En recentrant ses efforts, la France espère contribuer de manière plus efficace à la stabilité et à la sécurité en Afrique.