L’hôtel Radisson Collection de Bamako abrite depuis le lundi 1er août dernier la deuxième réunion de niveau décisionnel sur des aspects clés de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Présidée par le Premier ministre, en présence d’une dizaine de membres de gouvernement ainsi que ceux de la médiation internationale, cette rencontre vise à donner un coup d’accélérateur au processus de paix bloqué depuis près d’un an. Le parachèvement du processus DDR ainsi que les réformes politico-institutionnelles prévues par l’Accord seront au cœur des échanges pendant cinq jours.
Toutes les parties signataires et leurs partenaires ont répondu présents à cette rencontre. Laquelle vise à parachever la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger et qui était bloqué depuis près d’une année. En effet, la dernière réunion du Comité de suivi de l’Accord remonte au mois d’octobre dernier. C’est à ce moment qu’il avait été décidé d’organiser cette réunion de niveau décisionnel afin de lever les blocages liés à certains aspects décisifs de la mise en œuvre de l’Accord. il s’agit entre autres des modalités d’exécution de la décision gouvernementale d’intégrer 26 000 ex-combattants en deux tranches dans les Corps constituées de l’Etat y compris les forces armées de défense et de sécurité; la détermination d’une chaine de commandement militaire prenant en compte une participation aux niveaux stratégique, opérationnel et tactique; la mise en œuvre de réformes politiques et institutionnelles non liées à la nouvelle Constitution en cours d’élaboration. En principe, cette réunion devait se tenir avant la fin de l’année dernière.
Mésentente autour du CSP
Toutefois, elle a été mainte fois reportée à cause de la mésentente entre les parties signataires autour du nouveau regroupement créé par les mouvements armés à savoir le Cadre Stratégique Permanent (CSP) dont le gouvernement voulait y prendre une part active. C’est ainsi que la mise en œuvre de l’Accord a été interrompue par cette situation pendant de nombreux mois créant le doute sur la bonne foi des parties signataires à aller réellement vers la paix. Pour autant, cela n’a pas empêché les partenaires du processus à souhaiter sa reprise le plus tôt possible afin de décrisper les tensions relatives à la détérioration de la situation sécuritaire et politique. Signalons que pour la circonstance, ils étaient nombreux à se succéder au pupitre.
Le PM appelle les parties à faire des sacrifices et des concessions
Ouvrant les travaux, le Premier ministre, Dr Choguel K. Maïga n’a pas manqué de saluer les efforts de la médiation internationale pour son implication dans le processus de paix au Mali. L’occasion pour lui de rappeler que le gouvernement qu’il dirige a également consenti d’énormes efforts dans la mise en œuvre de l’Accord. A ses yeux, aucun sacrifice n’est de trop pour aller à la paix. D’où son appel aux participants à faire davantage de concession et de sacrifice pour l’atteinte de cet objectif. Pour lui, les aspects sur lesquels les participants doivent convenir tournent autour de : l’acceptation des offres de quotas militaires et civils proposées par le gouvernement concernant l’intégration des ex-combattants dans les corps constitués de l’Etat, y compris les Forces Armées de Sécurité ; la poursuite de la mise en œuvre des Questions Politiques et institutionnelles non liées à la révision constitutionnelle ; la définition des modalités pratiques pour la gestion du cas des hauts cadres civils et militaires des mouvements. Ainsi, par-delà les résultats positifs escomptés sur le plan de la paix et de la sécurité, il estime que « l'opérationnalisation de ces différentes mesures contribue grandement au renforcement de la confiance entre les parties à l'Accord ».
Une opportunité d'affiner leurs points de vue sur des aspects de l’Accord
Auparavant, le ministre de la Réconciliation Nationale de la Paix et de la Cohésion Nationale, Chargé de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale, le Colonel Major Ismaël Wagué a indiqué que cette réunion « doit marquer un pas décisif dans le processus de la mise en œuvre de l’Accord ». Tout en saluant les efforts et sacrifices consentis tout un chacun dans la tenue de cette réunion, il n’a pas manqué d’ajouter que l’opportunité doit être mise à profit pour les parties d'affiner leurs points de vue sur plusieurs aspects de la mise en œuvre de l’Accord. Avant d’indiquer que cette rencontre traduit « la détermination et la volonté des plus hautes autorités de voir enfin notre pays, le Mali, accéder à une nouvelle ère de paix, de cohésion nationale et d’émancipation socio-économique et culturelle ».
Surmonter les divergences
Abondant dans le même sens, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali, chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane a tenu à saluer « le travail abattu tout au long des mois écoulés pour réunir les conditions de la tenue de cette réunion ». A l’en croire « le Mali est à un tournoi historique et que le peuple malien aspire profondément à la paix et aux réformes ». Pour lui, la tenue de cette rencontre traduit l’attachement des parties maliennes à la mise en œuvre de l’Accord. Il s’est également engagé sur le fait que l’accompagnement de la MINUSMA ne fera pas défaut. Tout en réitérant le même engagement, l'ambassadeur de l'Algérie dont le pays assure le Chef de file de la médiation internationale El-Haoues Riache n’a pas manqué d’indiquer l’importance de cette réunion « pour la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord et le retour de la paix au Mali ». D’autant que malgré les années, il a assuré que garantie de l’accompagnement de la médiation internationale dans le processus de mise en œuvre dudit accord est toujours intacte. Pour lui, bien que les recommandations des ANR représentent axes fondamentaux dans la démarche globale de refondation des institutions, elles sont aussi porteuses d’opportunités pour une prise en charge des dispositions de l’Accord dans cette démarche globale de renouveau national. Pour lui, il est aussi important d’accélérer le processus de mise en œuvre de l’Accord en tenant compte du respect de l’unité, de la souveraineté et de la stabilité du Mali.
Pour leur part, les différents représentants des mouvements armés signataires qui ont intervenu ont surtout mis l’accent sur la nécessité d’aller plus vite dans la mise en œuvre de l’Accord. Ils en veulent pour preuve la détérioration de la situation sécuritaire dont une grande partie relève du blocage du processus de paix. De plus, ils ont insisté sur le fait que les volets concernant les DDR et les réformes politico-institutionnelles doivent être appliqués de manière simultanée afin d’éviter les erreurs du passé.