Au moment où le Sénégal fait face à une menace terroriste, les enfants de la rue appelés communément “talibés”(élève) qui assaillent les rues des grandes villes pourraient constituer un réel danger pour la sécurité du pays. Ils passent pour des innocents, mais nombre d’entre eux s’y connaissent en armes à l’image de Seydou, un adolescent qui a fréquenté un groupe djihadiste du nord du Mali en 2014 avant d’atterrir à Dakar où il survit grâce à la mendicité. Son histoire recueillie par le Dailybeast lu à buzz.sn fait froid dans le dos. Vendu par ses parents à un groupe djihadiste dont les émissaires se sont fait passer pour des agents de l’Etat qui allouaient une aide financière aux parents ayant accepté d’envoyer leurs enfants à l’école coranique, Seydou comme l’appellent Thedailybest va en réalité grossir le rang des enfants-djihadistes au nord du Mali. Ses nouveaux maîtres l’initient au maniement des armes pendant deux semaines et lui trouvent un nom de guerre comme c’est de coutume chez les djihadistes. Seydou devient « Abu Bakr ». Désormais, il doit porter un AK-47 à longueur de journée pour parer à toute éventualité. Le voilà « soldat de Dieu » malgré lui. Mais il précise au Dailybeast qu’il ne jouait que le rôle de soutien, derrière la ligne de front et qu’il n’a jamais pris vie d’autrui. De ses instructeurs, il se rappelle qu’ils étaient Arabes même s’il dit ignorer le nom du groupe pour lequel il combattait.
En 2012, le nord du Mali est tombé entre les mains de groupes djihadistes dont les plus célèbres sont le Mouvement pour l’Unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), Ansar Dine, Al Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi) et les Signataires par le sang. Ils ont été chassés par la France, à la faveur de l’opération Serval relayée par Barkhane. Quoique privés d’un « Etat » où ils appliquent la loi islamique, les djihadistes n’en demeurent pas moins toujours actifs dans le nord du Mali et rependent leurs actions jusque dans des capitales ouest-africaines. Le 20 novembre 2015, l’hôtel Radisson Blu de Bamako a été la cible d’une attaque meurtrière revendiquée par Aqmi. Le vendredi 15 janvier, un commando prend d’assaut le Splendid hôtel en plein centre de Ouagadougou. L’opération revendiquée par Al-Mourabitoun en collaboration avec Aqmi, fera au moins 27 victimes. Le profil des tueurs dont les photos ont été diffusées sur Internet par la branche médiatique du groupe qui a commandité les attentats, fait dire au Dailybeast que les djihadistes recrutent de jeunes autochtones. Seydou qui a reçu la formation militaire qui sied aurait pu finir comme Battar al-Ansari, Abu Muhammad al-Buqali al-Ansari et Ahmed al-Fulani al-Ansari du nom des trois assaillants, auteurs du carnage du Splendid Hôtel. Mais l’adolescent malien a préféré prendre la clé des champs alors qu’on lui proposât beaucoup d’argent pour attaquer la prison de Tombouctou. « Je ne voulais pas être un combattant, je voulais obtenir une éducation islamique (…) je me suis enfui parce que je n’ai pas eu le courage de tuer ou de punir quiconque », a-t-il argué. Après avoir fait faux bond à ses anciens maîtres, Seydou ne pouvait plus rentrer chez lui. Non seulement, ses parents ne seraient pas contents de lui, mais aussi pouvait-il se faire retrouver facilement par le groupe qui l’avait « recruté ». Alors commence pour cet adolescent de 14 ans, un périple qui va le mener de Tombouctou (Mali) à Ziguinchor (Sénégal) en passant par Bafata, en Guinée-Bissau. Dakar sera son point de chute où le garçon de 15 ans, sous l’autorité d’un maitre coranique, écume les rues, en faisant la manche.
Certes, Seydou n’a pas eu la vie de rêve qu’il espérait, mais l’ancien enfant-soldat profite bien de la « Téranga Sénégalaise » (hospitalité). « Au moins, ici, je n’aurais pas à tuer pour vivre », se félicite-t-il. Maintenant reste à savoir s’il a réellement mis une croix sur son passé d’enfant-djihadiste. Et tout porte à croire qu’il n’est que l’arbre qui cache la forêt si l’on sait que le Sénégal est devenu l’Eldorado des mendiants de la sous-région. Il suffit d’arpenter les rues de Dakar pour faire le constat. Afin de juguler le phénomène, le gouvernement avait décidé d’interdire la mendicité sur toute l’étendue du territoire. Cependant, il n’aura pas le cran de joindre la parole à l’acte, surtout après que des maitres-coraniques sont montés sur leurs grands chevaux pour dire leur opposition à ce projet, lequel selon certains d’entre eux, n’est rien d’autre qu’une tentative de rayer l’enseignement du saint-coran. Mais cet alibi ne semble pas rencontrer l’onction d’une partie de la population sénégalaise qui milite pour l’interdiction, sinon la catégorisation de la mendicité qui est devenu une vraie nébuleuse.
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