La MINUSMA ferme ses derniers camps et quitte le Mali Des manœuvres diplomatiques au Mali

Sur fond de polémique : Le Président français Emmanuel Macron en visite sur la base militaire de Gao

Par kibaru

Le président français, Emmanuel Macron est en visite, ce vendredi 19 mai, à Gao où il doit se rendre auprès des forces françaises de l’Opération Barkhane pour leur afficher son soutien et ses encouragements. Au cours de cette visite d’une journée, il s’entretiendra à deux reprises ( à son arrivée et à son départ) avec le président Ibrahim Boubacar Kéïta. Les deux chefs d’Etat ont également passé en revue les troupes de la force française et des militaires maliens.

Pour la circonstance, le nouveau président français est accompagné de l’ancien ministre de la Défense sous François Hollande, devenu chef de la diplomatie française, Jean-Yves Ledrian. S’y ajoutent la ministre des Armées, Sylvie Goulard, le nouveau « Monsieur Afrique » le diplomate Franck Paris, nommé récemment le nouveau conseiller Afrique du président Macron, le directeur de l’Agence française de développement, Rémy Rioux, et bien d’autres personnalités.

Cette visite au Mali qui intervient dix jours après son élection à la présidentielle française sera l’occasion pour Emmanuel Macron d’aborder la situation politique au nord du Mali, avec son homologue Ibrahim Boubacar Keïta.  

L’occasion pour Paris de réaffirmer son attachement à la mise en place des accords d’Alger. « Les accords d’Alger sont le cadre politique de la résolution du conflit et nous devons soutenir leur application, qui est pour le moment trop lente », glisse un conseiller du président français, qui salue toutefois la mise en place des patrouilles mixtes dans le nord du Mali.

Par ailleurs, il y sera aussi question de la dimension sous-régionale du conflit malien, alors que la France s’est engagée à soutenir la mise en place des forces africaines du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad, Mauritanie), dont le Mali occupe aujourd’hui la présidence. « Il faut absolument que nous aidions les armées de la région à contrôler leur territoire, et notamment leurs frontières communes », confie un proche du chef de l’État, dans une allusion à la frontière nigéro-malienne.

Toutefois, la question du développement sera également au centre des échanges. D’où la présence du directeur de l’Agence française de développement, Rémy Rioux dans la délégation du président français. Une manière de rassurer les acteurs du secteur, alors que le nouveau gouvernement ne comporte aucun ministère dédié au développement.

Flou autour de l’Opération

Selon certains observateurs, cette visite devrait être mise à profit pour recadrer la mission de l’Opération Barkhane – qui a succédé à Serval lancée en janvier 2013 – afin qu’elle soit plus efficace dans le combat qu’elle mène contre le terrorisme. En effet, il faut rappeler que malgré la présence des soldats français, le terrorisme ne cesse de prendre de l’ampleur dans la région sahélienne, singulièrement au Mali. De plus, ils sont souvent reprochés de ne pas associer les armées et populations locales dans cette lutte. D’où nombreuses bavures qui leur sont reprochés.  Ensuite, il est quasiment impossible de citer précisément est l’objectif officiel de l’opération, puisqu’il n’a jamais été présenté au Parlement français conformément à l’article 35 de la Constitution française. Lequel stipule explicitement que « le Gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention. Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote ».

Ainsi, déclenchée le 1er août 2014, l’opération Barkhane aurait dû être présentée au Parlement avant le 3 août, mais il n’en a rien été. Aucune excuse ne peut justifier cette attitude puisque même les vacances parlementaires peuvent être contournées par les commissions de la Défense et des Affaires étrangères du Parlement. Lesquelles s’étaient déjà réunies le 20 août dernier pour discuter de l’opération militaire n en Irak.

De plus, l’article 35 stipule aussi que « lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le Gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement ». Là encore, le gouvernement n’a pas saisi le Parlement début décembre pour voter la prolongation, ou non, de l’intervention. Ces deux omissions de l’exécutif, constituent pour certains, une violation flagrante de la Constitution. D’où le flou qui règne quant à la mission et les objectifs de cette opération, très décriée.