Terrorisme au Sahel: AQMI annonce le ralliement d'Al-Mourabitoune dans ses rangs

Par kibaru

L’annonce de ce ralliement a été faite, le vendredi 4 décembre dernier dans un enregistrement sonore attribué au chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, l’Algérien Abdelmalek Droukdel. Ainsi, le groupe dirigé par son compatriote Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune opère donc son retour à la source. Il avait quitté AQMI en octobre 2012 pour protester contre son éviction du leadership de l’organisation, créant son  propre mouvement dénommé signataire par le sang qui a fusionné avec le MUJAO en 2013 pour donner Al-Mourabitoune. Ce dernier sera d’ailleurs traversé par quelques tensions, car une partie de cette organisation a exprimé, selon l’un de ses chefs, Adnan Abou Walid al-Sahraoui, la volonté de faire allégeance à l’État islamique (EI ou Daesh) tandis qu’une autre, incarnée par Mokthar Belmokthar, a réaffirmé son allégeance à l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, le successeur d’Oussama ben Laden à la tête d’al-Qaïda, qui est l’organisation-mère. Pour sa part, le chef d’AQMI, Abdelmalek Droukdel – dont ont dit qu’il serait très isolé dans les montagnes de Kabylie, car traqué de tous les côtés – assiste impuissamment au départ vers l’EI des dizaines de combattants dont des proches lieutenants au sein du mouvement Jund al-Khalifa, auteur notamment de l’assassinat du Français Hervé Gourdel en septembre 2014. 

Ce rapprochement entre AQMI et Al-Mourabitoune intervient alors que l’Opération Barkhane continue de mettre la pression sur ces groupes armés et qu’un accord a été signé par Bamako et les mouvements indépendantistes des régions du nord du pays. L’illustration de ce rapprochement est sans doute la prise d’otages meurtrière survenue le vendredi 20 novembre dernier à l’hôtel Radisson Blu de Bamako revendiquée conjointement par Al-Mourabitoune et AQMI. Dans ce message sonore diffusé le 4 décembre, le chef d’AQMI, Abdelmalek Droukdel indique clairement que l’attaque contre cet hôtel de la capitale malienne n’était pas seulement une action conjointe de circonstance, mais le symbole d’un « ralliement des lions d’Al-Mourabitoune à l’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) pour faire alliance contre la France croisée ». C’est donc une revendication à peine voilée de cette attaque qui a causé la mort de 22 personnes dont deux terroristes et plusieurs blessés. De son côté, al-Mourabitoune a confirmé ce ralliement dans un enregistrement repéré par SITE, un centre américain qui surveille les activités terroristes sur Internet. Pour ce groupe, ce rapprochement était nécessaire pour « unifier les rangs jihadistes ». Ce rapprochement entre AQMI et al-Mourabitoune est sans doute la conséquence des coups portés dans la bande sahélo-saharienne par les forces françaises de l’opération Barkhane et aussi à l’influence de plus en plus grandissante de l’Etat Islamique très présent en Libye avec beaucoup plus de moyens financiers, matériels et humains qu’AQMI.

Par ailleurs, cette situation intervient alors que deux nouveaux groupes commencent beaucoup à faire parler d’eux. Il s’agit de la (brigade) katiba Khalid Ibn Walid, ou Ansar Dine Sud, dirigée par Souleymane Keïta – auteurs de quelques actions meurtrières dans le sud du pays, notamment contre les localités de Fakola et de Misseni, en juin dernier – et le Front de Libération du Macina (FLM) qui, plutôt implanté dans le centre et commandé par Amadou Koufa, a aussi revendiqué l’attaque contre l’hôtel Radisson Blu.

Ces deux groupes auraient non seulement des liens étroits, mais partagent au moins un point notamment le lien de leurs chefs avec le leader d’Ançar Dine, Iyad Ag Ghaly.