DÉCRYPTAGE – Daech, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), Boko Haram et d’autres organisations terroristes font régulièrement la une de l’actualité, du Front al-Nosra à Ansar Dine en passant par Ansar al-Charia. LCI fait le point sur ce que l’on sait de ces groupes armés islamistes.
Al-Qaida
Al-Qaida est une nébuleuse fondée par Oussama ben Laden et quelques autres djihadistes en 1988. Jusqu’en 1991, l’organisation est basée en Afghanistan et à Peshawar (Pakistan), avant que Ben Laden ne relocalise le groupe au Soudan. Puis, de 1996 à 2001, elle est dirigée depuis l’Afghanistan par Ben Laden sous la protection des talibans. En 1998, Al-Qaïda est rejoint par le Jihad islamique égyptien dirigé par Aiman Muhammed Rabi al-Zawahiri et devient mondialement connu dans le sillage des attentats du 11-Septembre. Affaiblie depuis 2007 avec les attaques de drones de l’armée américaine, elle souffre aussi de la concurrence de l’Etat islamique depuis 2014.
Depuis la mort d’Oussama Ben Laden en 2011, Al-Qaïda est dirigée par l’égyptien Ayman al-Zawahiri. Ce dernier ne cache pas son aversion envers son homologue du groupe Etat islamique : Ayman al-Zawahiri a ainsi critiqué ce vendredi 6 janvier la « campagne de déformation des faits, de peur et d’intimidation (…) à laquelle a malheureusement participé Ibrahim al-Badri (ndlr : Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de Daech) ». « Il a proféré des mensonges sur nous, prétendant que nous ne dénonçons pas la tyrannie (…) que nous louons (l’ancien président égyptien déchu) Mohamed Morsi (…) et que j’aurais appelé les chrétiens à être nos partenaires », a protesté Ayman al-Zawahiri, dans un message audio cité et traduit en anglais par le centre américain de surveillance des sites jihadistes (SITE).
Groupe Etat islamique (Daech)
Daech est né en 2006 de la fusion de la branche d’Al-Qaïda en Mésopotamie et de plusieurs groupes islamistes en Irak. A l’époque, le groupe extrémiste sunnite se fait appeler « l’Etat islamique d’Irak (EII) » et se fait connaître – déjà – pour la violence de ses exactions. Affaibli par les tribus sunnites, il prend de l’ampleur grâce au conflit syrien qui, à partir de 2011, lui permet d’attirer des djihadistes dans ses rangs. En juin 2014, le monde découvre avec effarement l’ampleur du territoire que ce groupe désormais appelé Etat islamique, basé entre l’Irak et la Syrie, renomme « califat ». Son chef : Abou Bakr Al-Baghdadi. Un calife qui prône le rétablissement de la charia.
Depuis plusieurs mois, les Occidentaux utilisent le terme « Daech » pour qualifier le groupe armé. Cette appellation a été lancée en avril 2013 par des médias qui lui sont hostiles, dont al-Arabiya et plusieurs autres chaînes d’information iraniennes et libanaises. Obhectif : ne plus faire référence aux termes « Etat » et « islamique » afin de minimiser son influence. En outre, ce choix qui ne doit rien au hasard : en arabe, l’acronyme de l’Etat islamique en Irak et au Levant donne en effet « Daech » (ou « Daiish »). Mais ce mot est surtout utilisé de manière péjorative par les non-djihadistes. Les jihadistes utilisent quant à eux plutôt le terme de « Dawla », l’Etat.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)
Al-Qaïda au Maghreb islamique est le fruit de l’allégeance du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) à Al-Qaïda. Le GSPC avait été créé en Algérie en 1998. Le but d’Aqmi : renverser le gouvernement algérien pour instaurer un califat islamique , entre le nord du Mali, le Niger occidental et la Mauritanie orientale. Mais aussi multiplier les attaques contre des cibles occidentales : pour le juge français Marc Trévidic, Aqmi constituait en 2014 la principale menace terroriste pour la France. En novembre 2013, deux journalistes français de RFI ont été assassinés par l’organisation. Ce groupe s’est signalé le 21 novembre 2015, en prenant en otages des clients de l’hôtel Radisson Blu de Bamako (Mali), puis, quelques mois plus tard, en s’attaquant au quartier touristique de Ouagadougou, au Burkina Faso.
Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa)
Ce groupe extrémiste sunnite basé au Yémen est né en janvier 2009 de la fusion des branches saoudienne et yéménite d’Al-Qaïda. Une filiale à l’ascension fulgurante : le 25 décembre 2009, elle a tenté de faire exploser en vol un avion reliant Amsterdam à Detroit. Fin octobre 2010, elle a revendiqué l’envoi par avion-cargo de colis piégés aux Etats-Unis, découverts par la police à Dubaï et en Grande-Bretagne avant leur explosion. Loin des frontières yéménites, Aqpa cherche également à essaimer. Le groupe a en effet appelé à plusieurs reprises ses partisans à s’en prendre à la France, engagée en Irak avec la coalition contre le groupe Etat islamique, mais aussi en Afrique contre des djihadistes. Les frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo, début janvier 2015, se sont revendiqués de ce mouvement terroriste.
Boko Haram
Boko Haram a été fondé en 2002 par l’imam Mohammed Yusuf à Maiduguri, dans l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria à dominante musulmane. En langue locale haoussa, le nom du mouvement signifie « l’éducation occidentale est un péché ». Son objectif ? Instaurer la charia. A ses débuts, le groupe est considéré comme une secte violente d’illuminés radicaux qui se finance grâce au banditisme. Jusqu’au jour où Abuja décide d’intervenir et lance une contre-attaque. En septembre 2009, c’est un carnage à Maiduguri : 800 morts. Arrêté, le chef de l’organisation sera tué en détention.
Par la suite, Boko Haram ne cessera de se radicaliser. Ses attentats visent des bars vendant de l’alcool, des églises chrétiennes. Mais aussi des écoles : en avril 2014, 276 lycéennes sont enlevées dans leur établissement scolaire de Chibok, dans l’Etat de Borno (Nigeria). Le groupe a depuis prêté allégeance à Daech. Petit à petit, le gouvernement nigérian a repris le dessus, au point d’avoir affirmé fin 2016 qu’il avait éradiqué Boko Haram.
Ansar al-Charia
Groupe le plus radical de la mouvance salafiste tunisienne, Ansar al-Charia a été lancé en avril 2001 et revendique l’instauration de la loi islamique en Tunisie et en Libye. Ce mouvement a été toléré jusqu’à son interdiction par le congrès tunisien en mai 2013. Le 10 janvier 2014, Ansar al-Charia est inscrit sur la liste américaine des groupes terroristes. Notamment pour avoir, le 11 septembre 2012, tué l’ambassadeur des Etats-Unis dans l’attentat contre le consulat américain à Benghazi, en Libye. Ansar al-Charia gravite dans la nébuleuse Al-Qaïda : en septembre 2013, il aurait rencontré des représentants algériens d’Al-Qaïda au Maghreb islamique et du Front Al-Nosra syrien à Benghazi (Libye).
Ansar Dine
Ansar Dine, qui signifie « Défenseurs de la foi », est créé en décembre 2011. Le groupe est « parrainé » par Aqmi, qui souhaite ainsi étendre son emprise au Sahel, et plus particulièrement dans le nord du Mali où elle prône l’instauration de la charia. Ansar Dine, qui a régulièrement appelé à combattre la France et ses alliés, a été inscrit sur la liste de l’ONU des organismes sanctionnés pour association avec Al-Qaïda, le 20 mars 2013.
Lci