Trois ans après sa création : La force conjointe du G5 Sahel a encore du chemin

Par kibaru

Alors qu’on s’attendait à sa pleine opérationnalisation et sa montée en puissance, trois ans après l’annonce de sa création, la force conjointe du G5 Sahel peine à atteindre ses nobles objectifs. A savoir la sécurisation des personnes et des biens sur cet espace, la favorisation du retour de l’Etat et de ses services, etc. Ce qui a davantage contribué à ce retard c’est la pandémie de la COVID-19 qui, au-delà de son coût humain, a fragilisé davantage les économies de ces pays déjà fortement affectées par le poids de la dette.

A cet effet le président en exercice du G5 Sahel, le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Cheikh Ould Ghazouani a réitéré la demande de ses pairs relative à l’annulation immédiate de la dette de nos Etats et le soutien conséquent aux différents plans nationaux. Ce, afin d’aider les pays du G5 Sahel à surmonter les effets de cette crise multidimensionnelle et à s’engager résolument sur la voie de la paix et de la prospérité.

Parallèlement aux efforts importants consentis par les pays du G5 Sahel dans le domaine du développement, des projets régionaux d’autonomisation des populations les plus vulnérables sont en cours, avec un partenariat toujours plus développé, notamment avec l’Alliance Sahel. Ainsi, dans le cadre du Programme de développement d’urgence, 18 projets sur 21 sont déjà engagés en plus des projets de résilience et de relance pour faire face à la pandémie de la Covid-19. A cette occasion, il a tenu à saluer le lancement de la Coalition pour le Sahel lors du sommet entre le G5 Sahel et l’Union européenne le 28 avril 2020 et l’intense activité diplomatique qui s’en est suivie pour l’opérationnalisation et l’internationalisation de cette Coalition.

Il a assuré que malgré les nombreux défis, les pays du G5 Sahel ont fait preuve de résilience pour continuer leur combat contre l’insécurité et engager les plans de relance économique. A ce sujet, il a indiqué les forces de défense et de sécurité des pays concernés sont engagés aux côtés de la Force conjointe du G5 Sahel et des forces internationales partenaires, afin de poursuivre la lutte contre le terrorisme avec vigueur et détermination. 

Il faut préciser qu’une montée en puissance de la force conjointe du G5 Sahel est toujours attendue, trois ans après sa création. Composée de sept bataillons fournis par les cinq pays du Sahel (Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso, Mauritanie), cette force a pour mission de faire évoluer ensemble les soldats sahéliens, toutes nationalités confondues, contre une menace jihadiste transfrontalière.

Trois couloirs, ou "fuseaux" de 200 km de large de part et d'autre des frontières communes, "constituent (le) domaine d'opérations" de ces bataillons, installés dans leur pays respectifs, selon l'état-major de la force, qui programme leurs opérations. Prévue pour atteindre environs 5.000 hommes au total, la mobilisation des troupes n’est pas encore au rendez-vous. D’aucuns évoquent aussi un flou au niveau du commandement de cette force à savoir si les troupes répondent au commandant de la force, le Nigérien Oumarou Namata Gazama ou de leur état-major national. Même si le droit de poursuite est accordé aux différentes troupes de cette force, il n’est pas exercé pleinement, sauf en cas de patrouille conjointe avec l’assistance des forces partenaires (Barkhane, Takuba, MINUSMA).

En réalité, la force conjointe du G5 Sahel continue à compter sur les autres pour sa pleine opérationnalisation. Raison pour laquelle certains chefs d’Etat plaident pour que cette force soit placée sous le chapitre VII de l’ONU ou dans une moindre mesure la transformer en une brigade au sein de la force onusienne au Mali, la MINUSMA. Le Tchad qui avait promis d’envoyer un bataillon dans la zone des trois frontières, tarde à concrétiser son engagement. Toute cette situation fait aujourd’hui que le Sahel est devenu une véritable poudrière prête à s’embraser à tout moment.