Pour la énième fois, la mise en place des autorités intérimaires à Tombouctou et Taoudenit pourrait être encore reportée. Ceci, après l’installation de ces autorités dans les régions de Kidal, Gao et Ménaka. Ce reportage réalisé par la version arabophone du site www.kibaru.ml, met la lumière sur les obstacles qui sont à l’origine des nombreux reports de la mise en place de ces autorités intérimaires.
Parmi ceux-ci figure la réaction du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA) qui regroupe d’ex-rebelles des mouvements de la CMA qui ont par la suite décidé de s’y retirer et de fonder leur propre mouvement. Lequel regroupe principalement des ressortissants de la région de Tombouctou qui est totalement indépendante de celle de Kidal. Ils ont clairement montré leur aspiration pour l’unité du pays en désignant un fonctionnaire comme membre du bureau exécutif.
Le CJA proteste contre sa non-inclusion dans les mécanismes et organes de mise en œuvre de l’accord, notamment les autorités intérimaires. Raison pour laquelle ses forces ont décidé de se positionner à l’entrée ouest de la ville de Tombouctou. un fait qui coïncide avec la montée au créneau des mouvements arabes de la CMA et de la Plateforme qui ont pris le contrôle des différents check-points de la ville pour protester contre la désignation de Hamoudi Ould Sidi Ahmed Aggada à la tête du collège transitoire de Taoudenit. C’est après d’âpres négociations que ces mouvements ont décidé de restituer ces points de contrôle à l’armée.
La nature de l’exclusion et les lois sur les autorités intérimaires
Des voix se sont élevées pour condamner la nature de l’exclusion et le non-respect du principe de l’inclusivité dans la nomination de certains membres de ces autorités intérimaires. A cet effet, des manifestations pacifiques ont été organisées dans de nombreuses localités du Nord pour dénoncer la violation du principe de l’inclusivité prôné par l’esprit et la lettre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Selon de nombreux observateurs, il n’existe aucun cadre juridiquequi définit les domaines de compétence de ces autorités et régit leurs rapports avec les élus locaux et les gouverneurs de régions. En effet, celles-ci ne dépendent plus de la loi portant modification du code des collectivités adoptée par le parlement en mars 2016 ni de l’Entente signée en juillet 2016 puisque celle-ci a été rendue caduque par la tenue des élections municipales, le 20 novembre dernier. Sans compter que si ces autorités parviennent à être mises en place, çà sera en moins de deux mois puisque les prochaines élections de proximité sont attendues prévues en mai 2017. Alors que les dispositions de l’accord d’Alger y afférentes fixent leur durée de vie entre 18 et 24 mois.
Autant de faits qui prouvent la limite, voire la caducité de certaines dispositions de l’accord d’Alger. D’où la nécessité de les revoir pour assurer un retour définitif de la paix tant recherchée.
Source des conflits et pistes de solution
Il convient de préciser que les conflits autour de l’installation de ces autorités intérimaires dans les régions de Tombouctou et Taoudenit sont la cause de nombreuses inquiétudes entre les différents protagonistes au Nord du Mali. La raison pourrait aussi être liée à des conflits d’intérêt. Le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf a confirmé la date du 13 avril courant pour l’installation des autorités intérimaires. Une annonce confirmée par le comité de suivi de l’accord lors de sa 16e session tenu le 4 avril dernier à Bamako. Dans une note en date du 29 mars dernier, signée du ministre, il invite les membres de l’autorité intérimaire de Tombouctou à une première session le 13 avril courant pour désigner « de façon consensuelles, le président de l’autorité intérimaire et les deux vice-présidents ». Ainsi, il apparait donc que Hamoudi, n’est plus le président de cette structure comme annoncé auparavant. Pourtant, cette solution pourrait satisfaire amplement les contestataires de Taoudenit.
Et si les 13 et 14 n’étaient pas les bonnes ?
Toutefois, il reste encore de nombreux obstacles à franchir pour l’installation de ces autorités. Parmi ceux-ci le CJA. Lequel a indiqué que cette date n’est pas aussi différente des autres. Avant de préciser qu’aucune autorité ne sera installée sans son inclusion et les forces de ce mouvement continuent à encercler la ville. Ce qui montre que la date du 13 avril est loin d’être consensuelle et ouvre la voie à un énième report. Le gouvernement n’ignore pas cette difficulté d’installer les autorités intérimaires dans ces conditions.
Les conflits d’intérêt sont-ils un autre blocage ?
Il convient de préciser que les membres d’autorités intérimaires et les conseillers municipaux ont quasiment les mêmes rôles et mêmes missions, ce qui pourrait constituer une autre source de division. C’est ainsi que certains élus locaux n’ont pas hésité à apporter leur soutien à ceux qui contestent la mise en place de ces autorités intérimaires.
Ces faits prouvent l’impérieuse nécessité de revoir la date. Il faut comprendre que ces autorités intérimaires ne peuvent être installées dans ces conditions puisque le rang des contestataires ne cesse de s’agrandir. La question est de savoir si les autorités intérimaires de Tombouctou et Taoudenit sont la nouvelle impasse du processus et signera la mort certaine de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali ?