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Adnan, un migrant comme tant d’autres: de la détresse au Mali à l’enfer en Libye

Par kibaru

Nos envoyés spéciaux, Jean-Pierre Martin et Xavier Gérard, ont rencontré au Mali Adnan qui a vécu 6 ans de galère. Il a traversé tout le désert avec des trafiquants d’êtres humains. Il a été torturé dans les prisons libyennes, frappé, humilié. Finalement, il a décidé de rentrer au pays

93% des migrants qui arrivent en Italie viennent d’Afrique. Ils fuient la misère qui saute aux yeux et l’instabilité. Bamako, la capitale malienne est la plaque tournante des réseaux de migrants. Adnan, Diallo, Moussa n’ont pas réussi à traverser la Méditerranée. Ils ont vécu l’enfer en Lybie. Adnan y est resté 6 ans. Le mois dernier, il a décidé de rentrer au Mali: « Lorsque nous revenons, notre famille est très contente de nous revoir, même si nous rentrons sans rien », dit-il.

650 euros, le prix de la sécurité

400 000 francs CFA soit 650 euros, c’est le prix minimum exigé par les trafiquants pour emmener en pick-up les migrants vers la Libye.

« Nous partions de la région de Gao. Nous passions par le Niger, Agadez et Algérie pour arriver en Libye. C’était cher, cela coûtait entre 400 000 et 450 000 francs CFA. Comme ça varie et qu’il n’y a pas de prix fixe, on négocie avec les chauffeurs. Soit ils sont dans la rue, soit au Sahara », raconte Adnan parti avec une dizaine de cousins. Le point de rendez-vous était Gao. C’est là que se rassemble chaque jour 130 candidats au voyage. Ils viennent de toute l’Afrique de l’Ouest : Sénégal, Côte d’Ivoire et Mali.

« Le pire c’est en Libye »

Les trafiquants qui connaissent parfaitement le désert leur font passer les frontières de l’Algérie ou directement du Niger avant de les débarquer en Libye. C’est là, selon le témoignage d’Adnan que l’enfer commence. Humiliation parce qu’il était noir, torture et prison : « Le pire c’est en Libye. Chacun a son arme, les enfants aussi. Quand vous travaillez là-bas, vous êtes considérés comme un esclave. On vous ramasse, on vous met en prison, on vous fouette, on vous frappe », assure-t-il.

L’immensité désertique traversée par les migrants est incontrôlée et dangereuse. C’est le sanctuaire d’Al Qaida, de l’Etat islamique, qui ont scellé des pactes avec les chefs nomades. Selon un officier malien rencontré par nos envoyés spéciaux, les groupes terroristes du Sahel, au Mali et en Libye se financent grâce au trafic de drogue et d’êtres humains.

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