Au moins 70 civils ont été tués dimanche dans la région de Tahoua, frontalière du Mali, selon un bilan encore provisoire. Le raid est survenue quelques jours seulement après une autre attaque meurtrière dans le pays.
En une semaine, près de 170 personnes ont été assassinées par cette organisation jihadiste, dont 66 civils qui revenaient du marché de la ville nigérienne de Banibangou, lundi, et 33 soldats maliens tombés dans une embuscade sur la route de Tessit, le même jour, dans la même région dite «des trois frontières». Cette fois, l’EIGS a attaqué les villages d’Intazayene, Bakorat et Wistane, plus au nord. «Ce sont des campements habités par des populations nomades, décrit un humanitaire. Ceux qui ont été attaqués dimanche sont exclusivement peuplés de Touaregs.» Une liste des victimes, composée de noms masculins avec des patronymes touaregs, circule sur les réseaux sociaux, invérifiable.
Menace jihadiste
Coïncidence tragique, le massacre de Tahoua est survenu le jour où la Cour constitutionnelle a validé les résultats de l’élection présidentielle du 21 février. Le vainqueur, Mohamed Bazoum, dauphin du président sortant Mahamadou Issoufou, fut, en tant que ministre de l’Intérieur, l’un des principaux architectes de la réponse politico-sécuritaire du Niger à la menace jihadiste, qui a débordé ces dernières années du Mali (EIGS) et du Nigeria (Boko Haram) pour s’implanter dans les régions frontalières. Depuis le début de l’année, le Niger est le pays du Sahel le plus touché par les attaques des groupes islamistes armés.
Dans la région de Tahoua, l’EIGS contrôle désormais une grande partie de la zone frontière. Ces derniers mois, des milices locales, arabes et touaregs se sont armées et organisées pour faire pièce à l’influence croissante du groupe terroriste. Avec le consentement – officieux – des autorités de Niamey, selon plusieurs connaisseurs du dossier. Cette lutte entre ces acteurs locaux et le mouvement jihadiste est, comme souvent au Sahel, attisée par des rivalités communautaires. Comme souvent aussi, ce sont les civils qui en payent le prix.
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