Cessez-le-feu au nord du Mali: la lettre très commentée d'Iyad Ag Ghaly

Par kibaru

C'est la lettre la plus commentée du moment au Mali. Celle-ci a été adressée au président du Haut conseil islamique du pays par le leader jihadiste touareg Iyad Ag Ghaly qui annonce un cessez-le-feu unilatéral. Par ailleurs, une marche organisée à Ménaka a réuni, ce lundi 31 octobre, une centaine de personnes défilant notamment pour protester contre la nomination des autorités intérimaires dans le Nord.

Pour Mahmoud Dicko, le président du Haut conseil islamique du Mali, il n’y a aucun doute, la lettre écrite en septembre 2016 est bien signée de la main d’Iyad Ag Ghali, leader du groupe islamiste Ansar Dine : « Absolument. Je pense bien qu'elle vient de Iyad Ag Ghali. »

Ecrite sur moins de 20 lignes, la missive annonce, selon Mahmoud Dicko, la « cessation des hostilités... ils acceptent vraiment d’aller vers ça. Puis ensuite la libération de militaires maliens qu’ils ont en mains. » Iyad Ag Ghali est-il vraiment sincère ? Surtout que son groupe armé, après avoir envoyé la lettre, a attaqué, par exemple, des casques bleus de l’ONU dans le Nord. « Je le crois sincère », souligne cependant le président du Haut conseil islamique du Mali.

Autre interrogation, le gouvernement malien est-il au courant de la démarche du Haut conseil islamique du Mali ? Mahmoud Dicko : « Ils savent que j’étais en train de démarcher ». L’imam est un partisan de la négociation avec les islamistes maliens. Pour lui, « ça permettra de les déconnecter des islamistes étrangers ».

La marche organisée à Ménaka au Mali a réuni, ce lundi 31 octobre, une centaine de personnes qui défilaient pour protester contre la nomination des autorités intérimaires dans le Nord. Elles manifestaient également pour soutenir le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA), un mouvement dissident issu de la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA) qui se plaint de ne pas être représenté dans les nouvelles autorités. A Bamako, une nouvelle médiation va débuter cette fois-ci entre les groupes qui composent la Coordination des mouvements de l'Azawad qui se tiraillent depuis quelques semaines sur des questions d'appartenance. La question du MSA est à l'étude dans la capitale malienne où plusieurs groupes font part des mêmes griefs.

Qui appartient à la Coordination des mouvements de l'Azawad ou plutôt qui y appartient plus qu'un autre ? Voilà les débats qui opposent les groupes politico-militaires de la CMA, ou affiliés, depuis quelques semaines, au point de paralyser une nouvelle fois l'installation des autorités intérimaires, fraîchement nommées.

A Ménaka, le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA) n'échappe pas la règle. Moussa Ag Acharatoumane, le fondateur, affirme être majoritaire dans cette région. Volonté clairement affichée : être intégré au processus de l'accord de paix au même titre que les autres groupes armés : « Pour le moment, c’est vrai que les uns et les autres se chamaillent par rapport à cette liste des autorités intérimaires. Je pense qu’il faut faire en sorte que toutes ces organisations-là puissent s’asseoir dans toutes les structures de mise en œuvre de l’accord afin que désormais les choses s’effacent avec tout le monde. C’est ça la revendication, parce que, aujourd’hui, que ce soit à Ménaka, à Gao, à Tombouctou ou à Kidal et ailleurs, on ne peut pas prétendre faire des patrouilles mixtes, faire des autorités intérimaires sans au préalable avoir associé les acteurs politiques et militaires qui sont sur le terrain. »

Les nouveaux groupes armés, comme le MSA et le Congrès pour la justice de l'Azawad (CJA), par exemple, revendiquent donc le droit d'être inclus dans ce processus. Les groupes affiliés à la CMA, comme la Coalition du peuple pour l'Azawad (CPA) ou les Mouvements et fronts patriotiques de résistance 2 (CMF PR2), pointent du doigt les décisionnaires à Kidal qu'ils accusent d'être omnipotents. Tous ces groupes sont donc réunis pour une nouvelle médiation, sous l'égide du haut représentant du président de la République, qui devrait débuter dans les jours qui viennent à Bamako.

RFI