Le Parlement libyen élu souhaite des élections générales d’ici un an

Par kibaru

Le Parlement élu libyen, basé dans l'est du pays, appelle à la tenue d'élections législatives et présidentielle avant février 2018. Une perspective qui apparaît d’ores et déjà compromise compte-tenu de la situation sécuritaire dans le pays.

La Libye sera-t-elle en mesure d’élire un nouveau président et de nouveaux députés avant le mois de février 2018 ? Six ans après le début de la révolution et la chute de Mouammar Kadhafi, c’est ce que souhaite le Parlement élu, installé à Tobrouk, dans l’est du pays, qui vient d’en faire la demande auprès du président de la Haute commission électorale libyenne (HNEC). "Au regard des conditions difficiles que traverse le pays et le désordre politique actuel, il vous est demandé de prendre toutes les mesures nécessaires pour la préparation de la tenue d'élections présidentielle et législatives avant février 2018", écrit dans un courrier adressé à la HNEC le président du Parlement, Aguila Salah.

Mais cette perspective apparaît plus qu’incertaine dans un pays déchiré par des luttes de pouvoir, dirigé par deux autorités rivales  — le gouvernement d'union nationale (GNA) à Tripoli, reconnu par la communauté internationale, et les autorités basées dans l'est du pays liées au maréchal Khalifa Haftar —, en proie à une insécurité chronique, minée par la prolifération de milices armées et de groupes jihadistes.

"Il est essentiel de sécuriser le pays"

"Dans les conditions actuelles, la tenue de ces élections n’est pas envisageable. La Libye est en guerre. Il est essentiel d’abord de sécuriser le pays et que les différentes parties affichent une volonté d’interrompre les combats", estime la journaliste indépendante Roumiana Ougartchinska, spécialiste du pays qui rentre d’un long reportage sur place.

Les combats autour des sites pétroliers se sont dernièrement intensifiés, après des mois d’une relative accalmie. Le Parlement élu accuse le GNA d’être d'impliqué dans cette offensive pour le contrôle du Croissant pétrolier libyen, tombé en septembre dernier entre les mains de l’armée nationale libyenne (ANL) dirigée par le maréchal Khalifa Haftar. En réponse, il a décidé mardi 7 mars de retirer son soutien à l’accord de Skhirat signé en 2015 sous l'égide des Nations unies.

L’ONU qui apparaît pourtant comme incontournable pour l’organisation de ces élections. "Son implication serait nécessaire pour qu’elles se tiennent, juge Roumiana Ougartchinska. Les Libyens doivent pouvoir s’exprimer dans des conditions sécurisées. Les élections de 2014 avait été largement perturbées par différents groupes qui avaient menacé les bureaux de vote, tué des activistes de la vie civile comme Salwa Bugaighis, assassinée à Benghazi le jour de l’élection (Salwa Bugaighis était avocate, figure de la révolution contre Mouammar Kadhafi, tuée chez elle par une bande d'hommes armés et cagoulés, NDLR). Il faudrait que cette élection puisse se tenir dans un climat qui ne soit pas un climat de terreur."

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