C’est toujours la voie maritime la plus meurtrière au monde pour les migrants : plus de 2 260 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée en 2018, selon les chiffres publiés par le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), jeudi 3 janvier.
Ils étaient près de 3 140 migrants « morts ou portés disparus » l’année précédente. Mais en proportion, la mortalité a un peu augmenté en 2018 par rapport à l’année précédente. L’organisation appelle les pays européens à « sortir de l’impasse ».
Le nombre d’arrivées sur les côtes européennes est en baisse. En 2018, le HCR compte près de 115 000 migrants arrivés à destination, contre plus de 170 000 arrivées en 2017. C’est une chute drastique par rapport au pic de 1,015 million d’arrivées en 2015, au cœur de la crise des réfugiés. En 2018, le premier pays d’origine des migrants était la Guinée, suivi du Maroc et du Mali, avant la Syrie, en quatrième position.
Difficultés des bateaux humanitaires
L’année a été marquée par une crise diplomatique entre pays européens autour de l’accueil des réfugiés, notamment après que le gouvernement italien, au fort discours antimigrants, a fermé les ports aux bateaux humanitaires cet été. Plusieurs navires ont été contraints d’errer en Méditerranée depuis l’été, faute de savoir où accoster.
Alors que la voie principale de migration passait jusque-là par la Libye et l’Italie, l’Espagne est redevenue l’an dernier la première porte d’entrée en Europe, avec 57 215 arrivées par la mer (contre 22 103 en 2017). Cette tendance pourrait se poursuivre puisque les garde-côtes espagnols ont affirmé mercredi avoir porté secours à 401 migrants au cours des deux premiers jours de 2019. De son côté, l’Italie a enregistré 23 371 arrivées, en chute libre par rapport à 2017 (119 369).
« En 2019, il est essentiel de sortir de l’impasse actuelle et de mettre fin à des approches au cas par cas, c’est-à-dire bateau par bateau, pour savoir où débarquer les passagers secourus », a déclaré la porte-parole du HCR en France, Céline Schmitt, en plaidant pour un « mécanisme régional de débarquement ».
Les navires humanitaires, qui dénoncent des entraves croissantes à leur action, sont de moins en moins nombreux à œuvrer en Méditerranée : début décembre, Médecins sans frontières et SOS Méditerranée ont dû mettre un terme aux opérations de l’Aquarius, devenu un symbole de la crise européenne sur l’accueil des migrants.
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