Svenja Schulze, Ministre fédérale allemande de la Coopération économique et du Développement, et Ousmane Diagana, Vice-Président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, ont annoncé une initiative conjointe pour soutenir l'éducation et le développement des compétences au Sahel. Cette région, parmi les plus jeunes du monde avec plus de 58 millions de personnes de moins de 25 ans, est confrontée à une crise de l'apprentissage accentuée par une capacité étatique limitée et des conflits persistants. Près de 40 % des enfants d'âge scolaire primaire ne sont pas scolarisés, plus de 11 000 écoles ont fermé en raison des conflits, et près de 90 % des enfants ne maîtrisent pas les compétences de base en lecture à la fin de leur éducation primaire. Cela crée un manque de compétences pertinentes pour les jeunes entrant sur le marché du travail.
Les investissements dans l'éducation et la formation professionnelle sont essentiels pour préparer la jeunesse du Sahel au marché du travail et tirer parti des dividendes démographiques pour le développement régional. La Banque mondiale et l'Allemagne s'engagent donc à élargir l'accès à une éducation de qualité, en mettant particulièrement l'accent sur les filles, les réfugiés, les personnes déplacées internes et les enfants nomades. L'initiative vise également à augmenter le nombre d'éducateurs et de professionnels formés dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques (STEM), tout en renforçant les systèmes éducatifs sahéliens et en améliorant la collaboration régionale.
L'initiative est structurée autour de trois priorités principales. Tout d'abord, elle soutiendra la construction de parcours flexibles et résilients pour la jeunesse à travers le développement de l'École Ouverte du Sahel. Ce programme vise à améliorer l'accès à une éducation et à une formation de qualité pour les nomades, les travailleurs transfrontaliers, les personnes déplacées, les réfugiés, ainsi que pour les jeunes ayant des besoins spéciaux et autres enfants non scolarisés, en ciblant deux millions d'enfants non scolarisés, surtout les filles âgées de 12 à 16 ans. Ensuite, elle mettra en place des formations pour les professionnels en STEM via les Centres d'Excellence en Afrique (ACEs), offrant des services d'enseignement supérieur aux étudiants des cinq pays du Sahel afin de préparer la prochaine génération d'enseignants, de formateurs et de travailleurs dans les secteurs clés de croissance. Enfin, l'initiative contribuera au renforcement des réformes éducatives et de la collaboration régionale en établissant un institut régional du Sahel. Cet institut fusionnera recherche appliquée, formation professionnelle, conseils politiques et partage des connaissances pour aider les pays à adopter des réformes éducatives impactantes et améliorer les opportunités scolaires pour des millions d'étudiants sahéliens.
Le soutien financier de la Banque mondiale pour les opportunités éducatives au Sahel est significatif, incluant 1 635 millions de dollars US pour des projets nationaux et régionaux. L'Allemagne, quant à elle, soutient l'éducation de base à travers des fonds multilatéraux comme Education Cannot Wait (ECW) et le Partenariat Mondial pour l'Éducation (GPE), avec une contribution importante depuis 2017. Un nouveau Fonds pour le Sahel et les Pays Côtiers de l'Afrique de l'Ouest (SAWACC) sera créé pour mettre en œuvre cette collaboration, résoudre la crise de l'apprentissage et avancer dans le développement des compétences. Ce fonds fournira également une plateforme de financement pour les membres de l'Alliance Sahel et d'autres partenaires, afin de traiter les priorités pressantes et construire des voies vers la résilience.
L'Allemagne et la Banque mondiale invitent d'autres partenaires à rejoindre cette plateforme pour maximiser l'impact. Bien que des actions soient déjà en cours pour faire face à la crise de l'apprentissage au Sahel, des efforts concertés supplémentaires sont nécessaires pour offrir un meilleur avenir à la jeunesse sahélienne. L'éducation est cruciale pour le développement, le capital humain, la stabilité, la cohésion sociale et la paix. Les partenaires s'engagent à travailler ensemble pour réaliser les espoirs et aspirations de la jeunesse du Sahel.
