L’annonce est intervenue hier tard dans la nuit. Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a présenté sa démission et celle de son gouvernement au Président de la République. Ce dernier l’a acceptée avant de le remercier et le féliciter pour le travail accompli au service de l’Etat. Cette démission intervient alors que c’est ce vendredi 19 avril que des députés de la majorité et de l’opposition devraient voter une motion de censure contre le gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga lui reprochant plusieurs griefs.
D’ailleurs, une manifestation à l’appel du président du Haut Conseil Islamique, Mahamoud Dicko était prévue ce matin devant l’Assemblée nationale du Mali pour soutenir les députés dans cette initiative. Deux événements qui risquent de ne plus avoir lieu avec cette décision prise par le Premier ministre de rendre son tablier. Selon la présidence un Premier ministre devrait être nommé dans les prochaines heures, voire les tout-prochains jours.
Les griefs reprochés au désormais ancien Premier ministre par ses détracteurs sont notamment la crise scolaire empêchant depuis des mois aux élèves de reprendre le chemin de l’école, l’inefficacité des mesures prises pour la crise sécuritaire au centre du pays. Des opposants lui reprochent également d’avoir tout mis en œuvre pour la réélection du Président de la République. Avec cette décision, les concertations nationales autour de l’avant-projet de loi de la révision de la Constitution du 25 février 1992 devant s’ouvrir ce mardi 23 avril devraient aussi être reportées. Ce qui risque aussi d’entrainer des chamboulements sur les futures échéances électorales, comme le référendum constitutionnel, les élections législatives, sénatoriales, régionales et municipales partielles. Cette démission du Premier ministre pourrait aussi justifier le congrès pour le renouvellement du bureau du Haut Conseil Islamique qui était prévu le dimanche 21 avril où le Président sortant Mahamoud Dicko ne devrait plus se représenter après deux mandats passés à la tête de cette institution. Son porte-parole avait aussi dit qu’il ne soutenait pas les trois candidats en lice Chérif Ousmane Madani Haïdara, Soufi Bilal et Moussa Bocar Ba de Sabati 2012.
Rappelons que Soumeylou Boubèye Maïga avait été nommé en décembre 2017 suite à la démission de l’Ancien Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga. Il a été reconduit à ce poste après la réélection du Président sortant IBK en septembre 2018, dans un contexte sécuritaire difficile. Il a été occupé plusieurs fonctions ministérielles sous différents régimes depuis l’instauration du multipartisme au Mali en 1992. Sans compter son passage de près d’une dizaine d’années à la tête des services de renseignements maliens. Et son poste de ministre secrétaire général de la présidence sous l’ère IBK. Il est à la tête de l'Alliance pour la solidarité, Convergence des forces patriotiques (ASMA-Cfp) un parti de la majorité qui a récemment reçu le ralliement de plusieurs élus le plaçant comme la deuxième force politique du pays après le parti au pouvoir le Rassemblement pour le Mali (RPM). Le président IBK est d’ailleurs reproché de ne pas choisir un cadre de son parti à la primature. Reste à savoir si cette démission de Soumeylou Boubèye Maïga ne signifie pas la fin de sa carrière politique. En tout cas, des observateurs s’interrogent.