Plus de 150 chefs d’État ont commencé à arriver ce lundi près de Paris pour une réunion hors norme consacrée à un enjeu colossal: la 21e conférence climatique de l’ONU, censée accoucher d’un accord historique contre un réchauffement planétaire aux impacts de plus en plus visibles.
Le président français François Hollande et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon sont arrivés dès le petit matin pour les accueillir, dans le parc des expositions du Bourget (nord de Paris) transformé en forteresse après les attentats jihadistes du 13 novembre.
L’arrivée de l’Américain Barack Obama, du Chinois Xi Jinping, du Russe Vladimir Poutine, de l’Indien Narendra Modi et de leurs homologues du monde entier devrait s’échelonner sur une partie de la matinée, surveillée de près par 2.800 policiers et militaires.
Une minute de silence a été observée vers 11h00 à la mémoire des victimes des attentats de Paris, qui ont fait 130 morts.
Dimanche, plusieurs dirigeants dont Barack Obama, la présidente du Chili Michelle Bachelet, le Premier ministre japonais Shinzo Abe, sont venus se recueillir devant le Bataclan, salle de spectacle où 90 personnes, des jeunes gens pour l’essentiel, ont été tuées.
Au Bourget, les leaders du monde vont s’exprimer à tour de rôle -pendant 3 minutes maximum – sur l’engagement de leur pays pour le climat.
La veille, de nombreuses marches dans le monde entier ont réuni plusieurs centaines de milliers de manifestants qui ont réclamé «un accord climatique fort». Elles ont été ternies à Paris par des échauffourées qui ont donné lieu à plus de 300 interpellations.
«C’est la conférence de l’espoir qui peut changer beaucoup de choses», a dit ce lundi matin sur la radio France Inter, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius qui doit être élu président de la COP.
Barack Obama a indiqué être «optimiste sur ce que nous pouvons accomplir», dans un court texte posté sur Facebook.
Les superlatifs ne manquent pas pour cette COP21, qui accueillera 10.000 délégués et autant d’observateurs et journalistes: la plus grande conférence climat, la plus grande concentration de chefs d’État réunis par l’ONU hors son Assemblée annuelle, la plus grande réunion diplomatique jamais organisée en France…
Objectif de ces deux semaines: élaborer le premier accord engageant l’ensemble de la communauté internationale à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter le réchauffement global à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.
Le constat est établi: le monde se réchauffe, sous l’effet des émissions issues de la combustion des énergies fossiles, mais aussi des modes de production agricole et d’une déforestation chaque année plus intense. Du Pakistan aux îles du Pacifique, de la Californie aux vignobles du Bordelais en France, le climat déréglé bouleverse des régions entières: sécheresses, côtes grignotées par la mer, récifs coralliens rongés par l’acidification des océans…
Au-delà de +2°C, les scientifiques redoutent un emballement créant un monde toujours plus hostile: cyclones à répétition, chute des rendements agricoles, submersion de territoires, de New York (États-Unis) à Bombay (Inde)…
En vue de la conférence de Paris, 183 pays (sur 195) ont publié des plans de réduction de leurs émissions, une participation inespérée qui place cependant encore le monde sur une trajectoire de +3°C.
Le sommet vise à donner une «impulsion politique» à un processus de négociations qui reste difficile et incertain, tant cette question touche aux fondements des économies et du développement.