Hausse du nombre de déplacés internes au Mali : Près de 24 000 personnes de plus enregistrées depuis juillet

Par kibaru

Un nouveau rapport a été rendu public sur le déplacement des populations au Mali à cause des violences. Le nombre de personnes déplacées interne au Mali a connu une augmentation d’environ 24000 de plus depuis juillet dernier. Cette situation touche particulièrement les régions du centre du pays à cause des violences liées à l’insécurité qui sévit dans cette partie du territoire national.

De 287 496, le nombre de personnes déplacées internes est passé à 311 193, soit une augmentation d’environ 24 000 de plus et de 8,2% depuis juillet dernier. Ces personnes sont réparties dans 57 810 ménages et 116 sites de déplacés internes. Parmi eux, 42% ne veulent pas retourner sur leur lieu d’origine à cause de l’insécurité. Sur ces personnes, on dénombre 55% de femmes (170687) et 45% d’hommes (140506).  62% sont des enfants de moins de 18 ans. Les personnes de plus de 60 ans représentent 2%  des déplacés. Les sites des personnes déplacées internes sont situés dans les régions de Gao, Mopti, Ségou, Tombouctou, Koulikoro et le district de Bamako. 55% de femmes et 45 % d’hommes.

Cette augmentation du nombre de personnes déplacées internes s’explique par l’aggravation des conditions sécuritaires dans les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Ménaka au cours des derniers mois, engendrant de plus en plus de déplacements. La région qui compte le plus de déplacés internes est celle de Mopti avec 131 150. Suivent celles de Gao avec 63 315, de Tombouctou avec 43 180, de Ségou avec 35 336 et Ménaka avec 21 144. Les régions qui comptent le moins de personnes déplacées internes sont celles de Sikasso avec 5937, Bamako avec 4102, Koulikoro avec 3553 et Kayes avec 2586.

Les années 2018, 2019 et les 10 premiers mois de l’année 2020 ont été marqués par la recrudescence des violences dans les régions du Centre et du Nord. C’est suite à ces violences qu’une augmentation du nombre de déplacés internes est survenue. Pourtant, en décembre 2017, le nombre de personnes déplacées internes identifiées n’était que de 38172. Par ailleurs, du 1er janvier 2018 au 31 octobre 2020, une augmentation de 273 021 personnes déplacées internes a été constatée suite à la dégradation de la situation sécuritaire au Centre et au Nord du pays.

L’âge moyen des femmes chefs de ménage est de 35 ans contre 44 ans pour les hommes-chefs de famille. Les enfants de moins de 18 représentent 62% des individus des ménages contre 38% d’adultes.

La plupart des sites évalués (95%) étaient localisés soit en milieu rural proche d’une ville soit en milieu urbain. Le reste (5%) étant des sites localisés en milieu rural isolé, situés respectivement dans les cercles de Gourma-Rharous, Niono, Badiangara et Dire. Le document précise aussi que sur l’ensemble des sites évalués, les tensions intercommunautaires (71%) constituent le principal motif de déplacement de la majorité des PDI, soit une augmentation de 20% comparé à juillet 2020. Il y a ensuite les conflits armés (28%) qui arrivent en seconde position expliquant la principale raison de déplacement des personnes déplacées internes. Enfin, la circulation massive d'armes et la crainte de munitions explosives dans les lieux d’origine, a été affirmée comme raison de déplacement au niveau de quelques sites localisés dans le cercle de Gao.

Dans les différents sites évalués, plus de trois quarts de la population se sont déplacées au moins plus d’une fois (76%), principalement les déplacés du cercle de Gao. Dans certains sites, il a été constaté quelques personnes (3%) se sont déplacés au moins 4 fois, particulièrement dans les sites du cercle de Niono et Bourem.

Les résultats des analyses dans ce rapport ont montré que sur les 166 sites évalués en octobre 2020, 49 sites abritant des personnes déplacées n’ont reçu aucun type d’assistance durant les trois derniers mois.

D’après les évaluations menées en octobre 2020, le nombre de personnes déplacées internes retournées est estimé à 581550 individus depuis 2012. Le pays compte aussi 84 473 rapatriés identifiés dans 110 communes du Mali. Quant au nombre de réfugiés maliens dans les pays limitrophes, il est estimé à 143 301. Beaucoup parmi eux n’entendent pas retourner à cause de l’insécurité et de la perte de tous leurs biens avant leur fuite.