Nord et Centre du Mali : Près de 50 000 nouveaux déplacés enregistrés suite à l'insécurité croissante

Par kibaru

Depuis le début de l’année, environ 50.000 personnes ont fui leurs maisons dans le nord du Mali et du centre. Parmi les raisons de cette situation, les affrontements intercommunautaires, une augmentation du nombre de groupes armés, y compris des djihadistes et des combats menés avec les forces loyalistes.

Selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), les personnes victimes collatérales de cette situation ne reçoivent pas le soutien dont elles ont besoin.

Ce nombre de personnes déplacées représente une augmentation de 60% par rapport à la même période de 2017, selon les données disponibles pour le NRC et ses partenaires au Mali. Selon les dernières données publiées par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en août, le nombre de personnes déplacées a doublé pour atteindre 75 000 personnes.

Comme l’avait prévenu le NRC, les fonds destinés à l’aide humanitaire ne correspondent pas aux besoins croissants, laissant de nombreuses personnes sans aide humanitaire dont elles ont besoin. «Ils investissent des ressources considérables dans les opérations militaires en cours et en même temps des milliers de personnes forcées de quitter leur maison sont laissées littéralement sans rien pour leur survie », a déploré le directeur national du NRC au Mali, Hassane Hamadou.

Au total, selon les données des Nations Unies, 5,2 millions de personnes ont actuellement besoin d'aide humanitaire au Mali, contre 3,8 millions dans la même situation en 2017. Ce chiffre se traduit par un Malien sur quatre nécessitant une aide humanitaire.
Après sa visite dans le pays à la fin Août, le Coordonnateur adjoint des affaires humanitaires de l'ONU, Ursula Mueller, a averti que « le nombre de personnes dans le besoin a atteint un niveau record jamais égalé depuis 2012, » quand il y avait un coup Etat qui a été suivi par une rébellion qui a été rapidement récupérée par des groupes djihadistes nécessitant une intervention militaire franco-africaine en janvier 2013.

Le NRC manque de fonds
Pour l'instant, la demande de fonds faite par l'ONU pour couvrir les besoins humanitaires au Mali cette année n'a été couverte que par 32%, tandis que le nombre de déplacés augmente.

En effet, seuls 106 millions de dollars sur les 330 millions de dollars nécessaires ont pu être mobilisés pour aider 2,9 millions de personnes ciblées dans le cadre du plan d’intervention humanitaire.

Le NRC a indiqué qu’il avait déjà épuisé ses fonds pour les interventions d’urgence et qu’il ne pouvait répondre aux nouveaux besoins des personnes touchées à compter de ce mois.
"Il n'y a rien de plus inquiétant pour nous, travailleurs humanitaires, que de voir les civils souffrir et ne pas pouvoir intervenir", a ajouté M. Hamadou.

L’ONG norvégienne a dénoncé le fait que la violence et les opérations militaires ont aggravé la vulnérabilité des communautés qui souffraient déjà de la pauvreté, du manque de nourriture et des effets du changement climatique.
La sous-secrétaire général de l’ONU aux affaires humanitaires, Mueller a déjà averti de la nécessité d’augmenter la réponse humanitaire pour «atténuer les souffrances des milliers de personnes déplacées par la force et des millions de Maliens touchés par l’insécurité alimentaire et la malnutrition». Les Nations Unies estiment que quelque 4,6 millions de personnes ont des problèmes pour se nourrir et 274 000 risquent de souffrir de malnutrition aiguë sévère.
"Nous ne demandons pas cette violence, nous n'y sommes pour rien et nous sommes toujours les premières victimes", a déploré une femme déplacée à Mopti. "J'ai été forcée de fuir avec mes quatre enfants et de me cacher dans la forêt pendant trois jours sans nourriture ni eau avant de pouvoir aller chez mes parents, qui m'ont accueilli", a-t-elle déclaré au NRC.