En février, la perspective d’un « réajustement » des forces françaises au Sahel inquiétait les principaux acteurs de la lutte contre le terrorisme dans cette région. Ancien ministre de l’Intérieur, et nouveau président élu du Niger, Mohamed Bazoum s’est prononcé sur la question.
Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision France 24 et à RFI, le président nigérien élu, Mohamed Bazoum (photo), est revenu sur la situation sécuritaire dans son pays et les défis qui l’attendent. Sur la question d’un possible retrait des forces françaises de l’opération Barkhane, le dirigeant a indiqué qu’une telle opération si elle était menée, n’entraînerait pas forcément une déstabilisation des pays du G5 Sahel dans leur lutte contre les terroristes.
« Un retrait partiel de la France […] n’aura pas un grand effet sur le cours de la situation et sur le rapport de force » entre les terroristes et les armées sahéliennes, a indiqué l’ancien ministre de l’Intérieur. Selon lui, cela est dû au mode d’action adopté par les troupes françaises depuis le début de leur intervention dans le Sahel.
En effet, le futur chef d’Etat indique que l’action militaire française au Sahel n’est pas axée sur la présence de troupes au sol, « impliquées physiquement » contre les djihadistes. Dans un souci « d’économie de pertes en vies humaines », cette action s’appuie surtout sur les forces aériennes de l’Hexagone, qui frappent des positions djihadistes. De ce fait, un retrait partiel des soldats français « dans la mesure où ils maintiendraient le dispositif aérien » ne risque pas d’avoir « un grand impact sur le terrain ».
Cette déclaration intervient plus d’un mois après le sommet extraordinaire du G5 Sahel à N’Djamena où le gouvernement français était censé annoncer un « réajustement » de la force Barkhane. Cependant, le président français Emmanuel Macron avait fini par renoncer à cette mesure affirmant qu’il n’y aurait pas de baisse « dans l’immédiat » des troupes françaises, tout en ajoutant qu’un retrait massif des forces françaises « serait une erreur ».
Alors que se profile l’élection présidentielle en France, nul doute que la question du déploiement des soldats français au Sahel, qui ont essuyé de nombreuses pertes parmi leurs rangs, sera au menu des débats. De leur côté, les dirigeants sahéliens semblent décidés à faire plus d’efforts pour vaincre le terrorisme sur le plan militaire, mais il sera certainement difficile de se passer de toute aide française.
« L’impact [d’un retrait partiel, Ndlr] sera davantage symbolique et politique qu’opérationnel. Ce qui nous importe nous, c’est une certaine présence des forces aériennes françaises qui de mon point de vue, sera garantie, quels que soient les effectifs français qui seront présents dans le cadre de cette opération », a déclaré le président Mohamed Bazoum, dont la prise de fonction se déroulera le vendredi 2 avril 2021.
Ecofin