La salle de presse du Centre international de conférences de Bamako (CICB) a servi de cadre, hier mardi 2 août, aux travaux du forum national des leaders religieux sur leur contribution à la mise en œuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation. Organisée en collaboration avec la MINUSMA sous la présidence du Chef de l'Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta représenté par son Premier ministre Modibo Kéïta, cette rencontre visait à une réappropriation des dispositions de ce document par toutes les confessions religieuses du pays et leur implication dans son application. Lors de la cérémonie d'ouverture, le Président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko n'a pas manqué d'indexer la MINUSMA par rapport à la récente détérioration de la situation sécuritaire. C'était en présence de plusieurs membres du gouvernement, des diplomates et d'autres personnalités.
Apparemment, l'impopularité de la MINUSMA est bel et bien une réalité. Pour le président du Haut Conseil islamique, " les Maliens s'interrogent sur l'efficacité de la MINUSMA ". Mahmoud Dicko a indiqué que ses compatriotes ne comprennent pas la récente détérioration de la situation sécuritaire, singulièrement dans le nord du pays. Ce, malgré la présence des casques bleus de la MINUSMA dont le mandat vient d'être renouvelé et renforcé à la faveur de la Résolution 2295 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU, le 29 juin dernier. Toutefois, ce renfort en personnel et en équipement militaire n'a pas permis de prévenir les nombreuses attaques terroristes et la reprise des hostilités entre groupes armés rivaux dans le nord du pays. C'est donc ce malaise des Maliens que le président du Haut conseil islamique a tenu à exprimer au Représentant spécial adjoint du secrétaire général de l'ONU au Mali, le Néerlandais Koen Davidse. Mahmoud Dicko a également réitéré la disponibilité des religieux à accompagner toute action visant à ramener la paix dans le pays à travers le dialogue.
Avant d'inviter tous les acteurs à s'inscrire dans cette dynamique. Il a souligné que les leaders religieux du Mali peuvent avoir des points de vue différents, mais quand il s'agit de l'intérêt supérieur de la Nation ils n'ont d'autre choix que de s'unir. Ce qui, a-t-il rappelé, a justifié le déplacement des leaders religieux et d'autres acteurs de la société civile en Europe pour expliquer aux partenaires et amis du Mali la nécessité d'appuyer une sortie de crise dans ce pays.
Auparavant, l'archevêque de Bamako, Monseigneur Jean-Zerbo avait rappelé le rôle des leaders religieux qui doivent être des sentinelles, des guetteurs, des veilleurs et des intercesseurs en faveur du retour de la paix au Mali.
Quant au Représentant spécial adjoint du secrétaire général de l'ONU, il a appelé les leaders religieux à l'union sacrée pour travailler ensemble en faveur d'une sortie de crise.
Pour lui, ces personnalités doivent être en première ligne pour la réussite de cette noble mission. Avant de réaffirmer la disponibilité de la MINUSMA à soutenir toute initiative allant dans le sens de la mise en œuvre de l'accord.
Ouvrant les travaux, le Premier ministre Modibo Keïta d'indiquer qu' " on ne cessera jamais de s'approprier un document d'une telle importance ". Selon lui, vu les récents développements de la situation, certains passages de l'accord n'ont pas été compris.
C'est ainsi qu'il a indiqué que les préparatifs de la conférence d'entente nationale prévue par l'accord sont très avancés. Une rencontre qui, à ses yeux, tranchera uniquement la question de l'"Azawad ".
Ce, alors que d'autres estiment qu'elle doit être une tribune pour discuter de toutes les questions intéressant la vie de la nation pour mettre fin aux rébellions cycliques.
A la fin de cette rencontre, il est attendu des recommandations pour une plus grande implication des confessions religieuses au Mali dans la mise en œuvre de l'accord qui a déjà accusé un grand retard.