L’hôtel Mandé de Bamako a abrité, le jeudi 13 février dernier, le lancement du projet « ANW KA TA ». Initié par le Secours Islamique de France en partenariat avec l’Union européenne, ce projet d’une durée de trois ans, vise à accompagner les efforts de l’Etat pour la prise en compte des écoles coraniques dans son Programme décennal de développement de l’éducation et de la formation professionnelle deuxième génération (PRODEC2) 2019-2028 afin d’établir une reconnaissance de son existence et un cadre de dialogue entre toutes les parties prenantes.
C’était devant plusieurs personnalités dont le Secrétariats d’Etat, chargé de la Promotion et de l’Intégration de l’Enseignement bilingue, Moussa Boubacar BAH, en présence du président du SIF, Rachid Lalhou, du représentant de l’UE et des responsables d’écoles coraniques de la Fédération des Associations de Maîtres Coraniques (FENAMEC).
Dans son discours, le président du SIF, Rachid Lalhou a placé ce projet dans son contexte en précisant qu’il vise à remédier à la non-considération des Écoles coraniques dans les programmes de promotion de l’éducation pour tous en Afrique, et leurs 260 000 enfants concernés, dont beaucoup sont considérés comme non scolarisés par les pouvoirs publics. Selon lui, «Grâce à ce projet, les talibés seront épanouis ». Tout en insistant sur le fait que ce projet s’exécutera sur l’étendue du territoire national, il a rappelé qu’il vise à relever les défis de surmonter l’incompréhension mutuelle et construire un cadre commun et innover pour améliorer cette éducation en termes d’accès, d’équité et de qualité. Avant de souligner qu’il s’agit de concilier la demande d’éducation religieuse et la nécessité de s’aligner sur les normes internationales d’éducation.
De son côté, le président la Fédération des Associations de Maîtres Coraniques (FENAMEC), Mahamane Baber NIANTAO a remercié les autorités dans leur volonté de soutenir les écoles coraniques. Des remerciements, il les a également adressés à l’Union européenne pour avoir cru à ce projet et au SIF pour l’avoir initié et encouragé. Il a indiqué que le SIF a très tôt compris la nécessité de soutenir les écoles coraniques et les talibés afin d’endiguer le phénomène de la mendicité des enfants. C’est dans ce cadre qu’il a tenu à rappeler que cette action n’est pas la première du genre que le SIF soutien en direction des écoles coraniques.
Insistant sur ce partenariat de confiance qui lie l’UE à l’Etat sur un domaine de souveraineté à savoir l’éducation, le représentant de la délégation de l’Union européenne, Salvador Pinto Da Franca, a rappelé que ce programme est avant tout celui des autorités maliennes avec le soutien des partenaires. Selon lui, il s’agit ainsi de reconnaitre la différence et surtout d’insérer les jeunes dans une vie professionnelle en leur offrant plus de débouchés. Avant de souligner l’importance de cette réforme visant à diversifier l’offre éducative et à offrir des perspectives professionnelles aux enfants qui sont dans ces écoles coraniques. A l’en croire, la participation des maitres coraniques, celle des communautés et l’adhésion des jeunes sont primordiales pour la réussite du projet. Lequel, a-t-il précisé marque le soutien multiforme de l’Union européenne envers le Mali. Il s’est aussi félicité de ce rapprochement entre l’enseignement coranique et le système formel entamé depuis 2008. A ses yeux, cela témoigne de l’engagement ferme des autorités pour une éducation de qualité au Mali.
Pour sa part, le Secrétariat d’Etat, chargé de la Promotion et de l’Intégration de l’Enseignement bilingue, Moussa Boubacar Bah, a promis l’accompagnement sans faille de son département à toutes les activités concernant les medersas et écoles coraniques. Il s’est engagé à opérer un changement de qualité pour promouvoir davantage les écoles coraniques « afin d’aller vers un Mali inclusif dans lequel les enfants et jeunes talibés ainsi que les maîtres coraniques participeront activement à la construction de l’édifice commun».
Il faut rappeler qu’au Mali comme ailleurs dans beaucoup de pays africains, bien que les écoles coraniques ne soient pas considérées dans les programmes de promotion de l’éducation, des enquêtes de 2017-2018, ont révélé l’existence de 4619 écoles coraniques avec un effectif de 259640 apprenants dont 66669 filles.