Les équipes de Kisal au Mali et à travers le monde sont émues de la non-participation d'un grand nombre de Maliens du fait de leur isolement géographique, leur condition de réfugiés ou de déplacés internes, la crainte d'attaques en prenant le chemin des bureaux de vote. Les citoyens marginalisés sont toujours victimes de tous les manquements. Systématiquement.
Au centre du Mali et dans toutes les zones d'insécurité et d'absence de l'Etat, la population n'a très souvent eu aucune connaissance du programme des différents candidats.
Pourtant, ces élections portent un enjeu considérable: le devenir du Mali et des Maliens, et les politiques décidées pour eux. Sans la compréhension et la participation des plus vulnérables, des victimes de violation des droits humains, comment s'assurer que la paix sera possible?
Ces communautés et individus qui ne votent pas, même s'ils ne représenent pas un taux majoritaire des électeurs, constituent très certainement des noyaux de vulnérabilité quant à la capacité du Mali à exister en tant qu'État souverain, protecteur, bienveillant, durable.
Il ne s'agit pas de la masse, mais de la sensibilité.
Un État juste ne doit-il pas considérer les facteurs particuliers de chaque couche différente, pour aboutir à la vraie égalité, quitte à accorder une attention particulière aux plus vulnérables?
Tandis que chaque jour, les exactions continuent et que Kisal et d'autres les rapportent, il est difficile de faire preuve d'optimisme, quelle que soit l'issue des élections au Mali. Pourtant, nous ne désespérons pas. Les principaux concernés, s'ils sont entendus, s'ils ont la protection et la justice (comme nous le demandons dans notre pétition active: https://chn.ge/2KXjx3L), seont les premiers champions et les premières preuves de la paix.
Nous encourageons tous à voter. Mais nous encourageons encore plus à denoncer au quotidien, à prendre la responsabilité de protéger, à affirmer l'engagement envers les meurtris.
Même si ces élections se déroulent dans le calme, que deviendront tous ces gens?
Nous attirons l'attention de la communauté internationale sur la nécessité de ne pas interrompre les efforts et attentions autour du Mali pendant cette période électorale.
Quelles que soient les issues du scrutin, les victimes auront besoin d'une continuité des actions envers elles.
A ce titre, la Mission des Nations Unies au Mali - MINUSMA, en tant qu'organisation et programme actuellement en permanence au Mali, doit absolument garantir la préparation de propositions opérationnelles à la communauté internationale et au conseil de sécurité des Nations Unies, pour une impulsion solidaire et intégrée dans la stabilisation du Mali. Ce travail ne doit pas être interrompu.
Septembre doit être l'opportunité de plans plus efficaces pour les civils maliens marginalisés, et leur inclusion dans les projets de sécurisation, de justice, et de développement.
Nous espérons que chaque acteur de l'échiquier politique malien saura être responsable, protéger les électeurs, empêcher des violences liées aux élections.
Ce 4 aout 2018, à Paris, Kisal présentera officiellement des propositions pour la protection et la justice au Mali.