La 2e réunion de haut niveau du Comité de suivi de l’accord s’est tenue, ce vendredi 10 février, à l’hôtel l’Amitié de Bamako. Bien que certaines questions comme l’inclusivité demeurent entières, il a été procédé à une répartition des tâches entre les parties signataires et la proposition d’un nouveau chronogramme de mise en œuvre des dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Déjà, au cours des travaux préparatoires de cette réunion, plusieurs points de blocage ont été identifiés et traités. Par ailleurs, il a été décidé de la mise en place d’une structure de concertation de haut niveau entre les Parties à l’accord pour tout ce qui concerne sa mise en œuvre, tant au niveau politique que technique.
Parmi les mesures phares issues de cette rencontre de haut niveau, figure le nouveau calendrier de mise en place des autorités intérimaires prévue du 13 au 20 février. Pour ce faire, la région de Gao a été confiée à la plateforme pour présider cette instance. Quant à la CMA, elle aura en charge la région de Tombouctou. Concernant la région de Kidal qui cristallise les tensions entre les ex-rebelles et le GATIA, il revient au gouvernement de nommer un membre chargé de présider aux destinées de la Capitale de l’Adrar des Ifoghas. Il en est de même pour les localités récemment érigées en régions Ménaka et Taoudeni, qui ont été confiées au gouvernement pour désigner les dirigeants.
S’agissant des patrouilles mixtes, elles démarreront d’abord à Gao, le 25 février prochain. Avant d’être étendues aux régions de Kidal, le 28 février prochain et Tombouctou, une semaine plus tard. Pour y parvenir, il a été il a été recommandé de rendre disponible 48h après le démarrage du MOC de GAO, le camp 1 de Kidal qui devrait abriter cette opération. Ce camp est occupé par les ex-rebelles depuis la déroute de l’armée lors de la visite de l’ancien Premier ministre, Moussa Mara à Kidal, en mai 2014. Aussi, il a été demandé aux mouvements armés de soumettre les listes des combattants qui intégreront les patrouilles mixtes de Kidal et Tombouctou, le 15 février au plus tard. Notons que la situation des victimes de l’attentat qui a visé le camp du MOC à Gao, le mercredi 18 janvier dernier, a également été traitée. Pour ce faire, il a été demandé de rapprocher l’administration militaire des victimes. A cela, s’ajoute la décentralisation de la procédure d’indemnisation des victimes du MOC de Gao qui doit débuter le 25 février 2017. Il convient de préciser qu’avant le démarrage des patrouilles mixtes, le gouvernement s’est engagé à élaborer un document définissant le statut des combattants entrant dans les patrouilles mixtes en se basant sur les textes existants et dans le souci d’assurer un alignement des combattants des mouvements à ceux des militaires maliens. Raison pour laquelle le statut sera disponible au plus tard le 17 février 2017.
Il a également été demandé de renforcer les pouvoirs ainsi que les statuts du Haut représentant du chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’accord. Concernant les volets politiques, il a été demandé au gouvernement de faire en sorte que l’équipe chargée de l’organisation de la Conférence d’entente nationale et celle en charge de la finalisation du projet de révision constitutionnelle d’inclure en leur sein des représentants des mouvements afin qu’elles soient plus consensuelles. La même demande a été faite pour la Commission nationale du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion, la commission nationale d’intégration et le comité national de la réforme du secteur de sécurité.
Pour ce qui est de la désignation de l’observateur indépendant conformément à une disposition de l’accord, elle devrait intervenir avant fin mars 2017. Le rôle de ce dernier est de suivre l’évolution de la mise en œuvre de l’accord tout en situant les responsabilités en cas de blocage. A noter que la question de l’inclusivité demeure entière puisqu’elle n’a pas été tranchée au cours de cette session malgré les assurances données par le ministre algérien des Affaires étrangères, chef de file de la Médiation et le président du CSA, Ahmed Boutache. La rencontre a été marquée par le refus de faire participer les responsables des mouvements de la CPA et de la CMFPR II, respectivement Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune et Younoussa Toure qui étaient pourtant présents sur les lieux avant d’être éconduits. A eux, il faut aussi ajouter l’absence du MPSA qui n’a pas été convié bien qu’étant un acteur clé du processus de paix. Ce qui justifie quelque peu le scepticisme quant à la réussite de la mise en œuvre des décisions issues de cette rencontre de Haut niveau.