Du 27 au 29 avril dernier, le comité directeur de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a tenu sa 6e session ordinaire, à Kidal. Outre les membres du Comité Directeur et de ses démembrements régionaux, la session a réuni les membres de la délégation de la CMA au CSA et les différentes commissions de la mise en œuvre de l’APR, les membres des autorités intérimaires ainsi que les notabilités traditionnelles, la société civile, les représentants des femmes et des jeunes.
Quatre points étaient à l’ordre du jour à savoir: la passation des pouvoirs entre les Présidents sortant et entrant ; l’évaluation du fonctionnement des structures de la Coordination ; l’évaluation de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation ; l’examen du rapport de l’observateur indépendant sur l’évaluation de la mise en œuvre de l’Accord pour l’année 2018 et de la déclaration du président du Conseil de Sécurité de l’ONU du 03 avril 2019. Rappelons que ce dernier avait encouragé l’adoption par les parties maliennes d’une feuille de route révisée avec un calendrier clair, réaliste et contraignant, portant sur un nombre restreint de priorités, y compris l’aboutissement de la réforme constitutionnelle à l’issue d’un processus de collaboration et de participation, l’adoption d’un plan global en vue d’un redéploiement effectif des Forces de défense et de sécurité maliennes réformées et reconstituées vers le nord du Mali, ainsi que la création de la zone de développement des régions du nord.
A l’issue des travaux de la 6e session ordinaire du Comité Directeur de la CMA, il a été procédé à l’investiture de M. Sidi Brahim Ould Sidatt, Secrétaire Général du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), comme Président en exercice de la CMA pour une période de six mois, succédant ainsi à M. Alghabass Ag Intalla, Président du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA). Il est à noter qu’au sein de la CMA, les membres sont en train de revoir les textes afin de doter le mandat du président d’une période de six mois renouvelable une fois.
Aussi, il a été également procédé à la mise en place d’une commission chargée de la révision de la charte pour améliorer le processus de prise de décision relative aux questions de défense et de sécurité et assurer une meilleure gestion administrative de la Coordination.
Concernant l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, la rencontre a vivement exprimé ses attentes quant aux actions prioritaires à mettre en œuvre d’ici le 30 juin 2019 notamment :
1) La révision constitutionnelle pour prendre en charge de façon satisfaisante les dispositions pertinentes de l’Accord notamment celles inscrites au titre des questions politiques et institutionnelles ;
2) La finalisation du processus DDR/accéléré et le redéploiement des unités qui en seront issues à Gao, Tombouctou et Kidal en vue de prendre en charge les missions initialement dévolues aux unités du MOC ;
3) Convenir d’une vision commune de l’armée reconstituée à redéployer en vue de prendre en charge de façon efficace et pérenne les défis sécuritaires multiples ;
4) Parvenir à l’adoption des textes régissant la Zone de développement pour la rendre rapidement opérationnelle afin de relever le niveau de développement des régions de l’Azawad.
Nonobstant l’urgence de ces actions, la rencontre a exprimé sa préoccupation par rapport à la vulnérabilité des populations en manque criarde de services sociaux de base (l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire et l’eau). A cet effet, elle recommande la mobilisation de l’Etat et de ses partenaires pour des mesures urgentes afin de faire profiter les populations des dividendes de la paix.
Par ailleurs il ressort de l’examen du rapport de l’observateur indépendant et de la déclaration du Président du Conseil de Sécurité de l’ONU une préoccupation commune liée à une lenteur sans précèdent dans la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger et des exigences à l’endroit des Parties pour réaliser des avancées significatives à très court terme. La rencontre partage ces constats, s’approprie les recommandations qui en sont issues et rassure de la bonne foi et de la disponibilité de la CMA pour l’atteinte des résultats attendus.
La rencontre invite le gouvernement à prendre incessamment les dispositions appropriées pour la mise en œuvre desdites actions prioritaires et à redoubler d’efforts et de volonté politique pour accélérer la mise en œuvre intégrale de l’Accord.
La rencontre renouvelle l’attachement de la CMA à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation et profite de cette occasion pour avertir qu’elle ne participera à aucun mécanisme ou cadre tendant à remettre en cause l’esprit et la lettre dudit Accord.
La rencontre salue les efforts inlassables de la médiation internationale et l’exhorte à redoubler d’efforts en faveur de la mise en œuvre intégrale de l’Accord, gage d’une stabilité durable au Mali et dans la sous région.
Enfin, la rencontre condamne vigoureusement les exactions sur les populations civiles sans défense ainsi que toute exécution extrajudiciaire et appelle le gouvernement et ses partenaires à faire cesser immédiatement ces atrocités, identifier leurs auteurs et les traduire devant la justice.