Initialement prévue pour demain jeudi 13 avril, la mise en place des autorités intérimaires dans les régions de Tombouctou et Taoudenit est reportée pour la énième fois. Cette date avait été annoncée par une note du désormais ex-ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf, qui occupe le portefeuille sensible de l’éducation nationale, depuis le 29 mars dernier. Avant d’être confirmée par la 16e session du CSA, tenue à Bamako les 3 et 4 avril dernier.
La raison invoquée à cette situation, c’est que le nouveau ministre de l’Administration territoriale, le revenant Thiéman Hubert Coulibaly n’est pas très imprégné du dossier. De sources dignes de foi, il aurait demandé un moratoire d’une semaine pour bien étudier le cas avant de prendre une décision. Son prédécesseur Mohamed Ag Erlaf avait annoncé la date du 13 avril pour une convocation de tous les membres de l’autorité intérimaire de Tombouctou. L’ordre du jour de cette réunion était la désignation d’un membre qui présidera aux destinées de cette structure. Ainsi, il est désormais clair que Boubacar Ould Hamadi n’est plus le président déclaré comme annoncé auparavant par les autorités.
Pourtant, il semble que les rôles ont quelque peu été inversés en ce sens que c’est à Taoudenit qu’une telle proposition pouvait apaiser les divergences. En effet, à Tombouctou, c’est principalement le CJA qui bloque la mise en place de l’autorité intérimaire. Ce mouvement, qui a concentré l’essentiel de ses troupes à l’entrée ouest de la ville pour parer à toute éventualité, réclame son inclusion dans tous les mécanismes et organes de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. A noter que cette démarche du CJA est largement approuvée par une majorité des acteurs de la société civile ainsi que certains élus locaux craignant que les pouvoirs accordés aux membres de l’autorité intérimaire ne leur fassent de l’ombre. D'ailleurs, une marche pacifique de soutien aux actions du CJA a été organisée aujourd'hui par la société civile. Les manifestants ont été reçus par les autorités locales qui leur ont promis de répondre favorablement à leurs doléances.
Nouvelle escalade
Quant à Taoudenit, la situation est très différente. Ici, c’est le président du collège transitoire, Hamoudi Ould Sidi Ahmed Aggada, qui est très contesté. Les responsables des mouvements arabes de la CMA et de la Plateforme lui reprochent d’être déconnecté du terroir et de ne pas en maîtriser toutes les réalités. Pour protester contre cette situation, ils ont d’abord saisi par écrit les autorités qui n’ont pas répondu favorablement à leur requête. Ensuite, ils ont organisé des marches pacifiques qui n’ont pas produit les résultats escomptés. Puis c’était la fermeture de plusieurs boutiques et commerces de la ville qui n’a été non plus couronnée de succès. Après avoir épuisé toutes ces voies de recours sans suite, les éléments de ces deux mouvements ont chassé les militaires maliens des différents check-points de la ville de Tombouctou. C’est après des pressions, des négociations et des promesses qu’ils accepteront de restituer les points de contrôle à l’armée malienne. Ainsi, les responsables de ces deux mouvements suivent la situation de très près et promettent une nouvelle escalade au cas où les autorités persistent à installer Hamoudi Ould Sidi Ahmed Aggada à la tête du collège transitoire de Taoudenit.
C’est donc dans cette situation très tendu qu’intervient cet énième report de la mise en place des autorités intérimaires dans les régions de Tombouctou et Taoudenit. Ce, alors qu’on approche de la fin de la période intérimaire qui, selon l’esprit et la lettre de l’accord, devrait intervenir au mois de juin prochain marquant les deux ans de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. C’est à se demander si réellement ces autorités parviendront à être mises en place ou si elles demeureront dans l’impasse qui signifiera la mort programmée du processus de paix ?