La tension est toujours très vive 72 heures après l’entrée des forces du GATIA, membre de la Plateforme favorable à l’unité du Mali, à l’intérieur de la ville de Kidal, censée être sous contrôle des forces de la CMA.
En effet, depuis le mardi dernier, une cinquantaine de véhicules remplis d’éléments du GATIA ont pris position dans plusieurs artères stratégiques de la ville. Ce qui fait craindre un affrontement entre les deux camps. Les populations sur place sont très divisées sur la question. Si certains y voient un signe de l’application des conclusions auxquelles les communautés sont parvenues lors de la rencontre d’Anefis en septembre dernier lorsqu’un engagement avait été pris d’une gestion commune de la ville, d’autres pensent qu’il s’agit plutôt d’une nouvelle violation du cessez-le-feu susceptible d’entrainer des affrontements. Car, aucune communication ou sensibilisation n’a été faite par rapport à cette nouvelle donne.
Pour l’heure, les deux camps se regardent en chiens de faïence, même si aucun coup de feu n’a encore retenti. Pourtant, certains leaders de la CMA avaient favorablement accueilli cette entrée du GATIA à Kidal. Mais un communiqué rendu public le 2 février dernier et signé par le chef du HCUA, Algabass Ag Intalla est venu remettre cet optimisme en cause. En effet, dans ce document, il est dit que la CMA n’avait pas été informée de la venue des forces du GATIA et que par conséquent elle leur demande de se retirer.
Aussi, il est dit dans ce communiqué que les deux camps s’étaient juste entendus sur l’admission par la CMA de trois membres de la Plateforme dans les six sous-commissions en charge de la gestion de la ville. Et que les questions militaires et sécuritaires feront l’objet de concertations ultérieures. Ce qui veut dire que le GATIA n’avait pas à déployer ses troupes prendre position à l’intérieur de la ville. En tout cas, la tension est toujours très perceptible et nul ne peut affirmer si cela ne va pas dégénérer. Cette situation intervient alors que jusque-là la CMA et la Plateforme parlaient le même langage et pour preuve elles signaient régulièrement des déclarations conjointes. On n’ignore si cela conduira à une rupture qui peut encore être évitée à condition d’intervenir maintenant avant qu’il ne soit trop tard.
Aussi, ce qui surprend plus d’un observateur c’est surtout le silence assourdissant des forces alliées (MINUSMA et Opération Barkhane) sur cette question. A ce jour, elles n’ont fait que prendre acte et observer. Est-ce une stratégie pour briser l’entente entre les deux camps suite à la rencontre d’Anefis ou un moyen pour gagner du temps afin d’éteindre le feu une fois qu’il se sera déclaré ? Sans doute que les quelques heures nous édifieront davantage sur cette situation explosive.