24 heures après l’attaque meurtrière du camp militaire de Dioura, dans le cercle de Tenenkou, qui a coûté la vie à une dizaine de soldats maliens, sinon plus, beaucoup de questions se posent.
De bonnes sources, les militaires qui ont été attaqués venaient juste de prendre la relève. Ils n’ont donc pas eu droit à une période d’adaptation et d’acclimatation avec le milieu. Pour l’heure, le véritable bilan n’a pas encore été dévoilé. D’aucuns parlent même jusqu’à 24 morts, des blessés dont certains graves et des portés disparus. Vraisemblablement, il pourrait même y avoir des otages. Parmi les victimes, il y aurait aussi le chef du détachement, le capitaine Mohamed Ould. Les assaillants ont pris le contrôle du camp pendant plusieurs heures avant de se retirer. Ils ont emporté plusieurs véhicules équipés de moyens militaires. Ils ont également détruit beaucoup d’autres qu’ils n’ont pas su emporter.
Comme à l’heure habitude, c’est très tôt le matin que l’attaque est survenue. Les assaillants étaient sur des motos et des véhicules avec toutes sortes d’armement. Pourtant, la veille, il y avait des alertes puisqu’une mine avait explosé sur un véhicule de civils non loin du lieu de l’attaque.
De sources sécuritaires, l’auteur de cette attaque n’est autre que le Colonel Bamoussa Diarra. C’est un officier de l’armée de père Bambara et de mère Touareg de la famille régnante de Kidal. Il avait intégré l’armée après la rébellion de 90 avant de rejoindre le maquis en 2006 avec les Hamada Ag Bibi, Ibrahim Bahanga, Hassan Fagaga et les autres. Après une seconde réintégration suite aux accords d’Alger de 2006, il sera désigné commandant des unités spéciales chargées de combattre l’insécurité dans la région de Kidal. Avec l’éclatement de la rébellion de 2012, il rejoindra le maquis mais cette fois par la porte des djihadistes. Il fera partie de tous les combats de Iyad dans les différents mouvements que ce soit Ançar Dine, Mia, etc.
L’homme est qualifié comme un combattant aguerri qui n’hésite pas à occuper les premières lignes. C’est l’un des rares chefs militaires encore présents aux côtés d’Iyad Ag Ghali, chef du JNIM. Avec comme surnom de guerre, Abou Charia, Bamoussa s’est illustré dans plusieurs attaques contre l’armée et des mouvements armés impliqués dans le processus de paix. Si au départ, ces zones de prédilections étaient notamment celles de l’Ouest du pays où il a formé plusieurs éléments proches du chef de la Katiba d’Ançar Dine du Macina, Amadou Koufa, il a aussi mené des incursions dans certaines localités du Nord. C’est l’un des déserteurs qui n’est sûrement pas prêt à rejoindre le camp de la paix. Même s’il est difficile de se prononcer avant la fin du processus en cours.