Reportée par deux fois, la mise en place des autorités intérimaires dans les régions de Taoudéni et de Tombouctou continue de représenter un véritable casse-tête pour les plus hautes autorités du pays. Outre, les forces du CJA qui encercle l’entrée de la ville de Tombouctou pour empêcher toute installation des autorités intérimaires sans leur inclusion, les mouvements arabes de la CMA et de la Plateforme sont aussi aux portes de la ville pour protester contre la désignation de Hamoudi Ould Sidi Mohamed à la tête du Collège transitoire de Taoudenit. Prétextant son impopularité et sa méconnaissance des réalités de cette nouvelle région.
En vue de décrisper l’atmosphère et permettre au processus de mise en place des autorités intérimaires de se poursuivre comme à Gao, Ménaka et Kidal, une délégation conduite par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Abdoulaye Idrissa Maïga est depuis vendredi 16 mars dernier à Tombouctou. Cette délégation comprend également trois généraux à savoir Didier Dacko, Chef d’état-major général des armées, Mohamed Abderrahmane Ould Meydou, ressortissant de la région et Gabriel Poudiougou, président de la commission intégration. S’y ajoutent de nombreux députés de la région.
Selon nos sources, le ministre n’était pas porteur d’une solution, mais plutôt d’un message. C’est ainsi qu’il a écouté toutes les parties notamment les éléments armés du MAA qui, bien qu’ayant libéré les check-point de l’armée, ne sont pas loin de la ville.
Ceux-ci veulent obtenir l’éviction de Hamoudi Ould Sidi Mohamed à la tête du Collège transitoire de Taoudenit. D’ailleurs, le ministre a condamné la prise des check-point de l’armée considérée comme une grave violation du cessez-le-feu. En réponse, le porte-parole des deux mouvements arabes, l’ex-maire de Salam, Mohamed Taher a indiqué que l’occupation des points de contrôle de l’armée par ses hommes est la quatrième étape d’une série d’actes de protestation qui n’a pas encore porté ses fruits. Pour lui, ses hommes ont tout d’abord adressé une correspondance aux autorités pour exprimer leur désapprobation du choix porté sur la personne du président du collège transitoire de Taoudenit. Ensuite, les étapes suivantes ont consisté à l’organisation d’une marche de la société civile et d’une fermeture des boutiques et commerces de la ville de Tombouctou.
C’est donc à cause de l’échec de se faire entendre avec toutes ses formes de protestation que ses hommes ont décidé d’occuper les check-points de l’armée avant de les libérer après d’âpres négociations.
L’ex-maire de Salam a déclaré que le ministre a promis de transmettre les doléances aux plus hautes autorités tout en rassurant qu’une solution sera trouvée dans les tout-prochains jours. Ainsi, ces mouvements ont promis de rester campés sur leur position tant qu’une suite favorable ne sera donnée à leurs doléances. Ils se disent aussi prêts à répondre si les autorités envisagent de les déloger de force. C’est donc le statu quo qui se poursuit au niveau de ces deux régions où les autorités intérimaires n’arrivent toujours pas à être mises en place. Un blocage supplémentaire à la mise en œuvre de l’accord qui peine à atteindre sa vitesse de croisière malgré deux réunions ministérielles du CSA dont la dernière remonte au vendredi 10 février dernier à Bamako en présence de la quasi-totalité des acteurs du processus de paix. Apparemment, ce qui divise c’est toujours le principe de l’inclusivité pourtant prôné par l’accord mais employé à géométrie variable.