Nous, Ministres en charge des Affaires Etrangères et de l’Intégration Régionale de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO):
En présence des Ministres représentants l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, et la Libye, ainsi que les Hauts Représentants de l’Organisation des Nations Unies, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale, de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, et de l’Organisation de la Conférence Islamique ; et les représentants des Etats membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies ;
Réunis à Bamako, le 14 Octobre 2017, dans le but de déterminer les moyens d’intervention les plus appropriés pour assurer la neutralisation des organisations criminelles dans l’espace sahélo-saharien et leur expansion en Afrique de l’Ouest afin de préserver l’intégrité territoriale et la paix dans les pays concernés, gages du développement économique et social au profit des populations ;
Ayant à l’esprit le Communiqué Final de la 50ème et 51ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO réunies respectivement le 17 décembre 2016 à Abuja, République Fédérale du Nigéria, et le 4 juin 2017 à Monrovia, République du Libéria ;
Nous-nous engageons à coopérer pleinement et à tous les niveaux pour débarrasser l’Afrique de l’Ouest du terrorisme, de l’extrémisme violent et du crime transnational organisé. Pour ce faire, nous :
1. Condamnons avec la plus grande fermeté les attaques terroristes perpétrées dans la région contre les Forces de défense et de sécurité, les populations civiles et les forces régionales et internationales, notamment la Force Multinationale Mixte de la Commission du Bassin du Lac Tchad, la MINUSMA et l’Opération Barkhane ;
2. Nous-nous félicitons des efforts déployés par les Etats de la région pour prévenir et combattre le terrorisme ;
3. Réitérons notre attachement à l’unité, à l’intégrité territoriale et à la souveraineté du Mali ; réaffirmons notre appui au processus de mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger ; et exhortons toutes les parties prenantes à le respecter ;
4. Exprimons notre appui aux efforts déployés en faveur de la paix et de la sécurité en Libye conformément à l’Accord de Skeirate sous le parrainage des Nations Unies et de l’Union Africaine ; et soutenons la Libye dans sa lutte contre le terrorisme ;
5. Saluons le travail accompli sur le terrain par la MINUSMA, l’Opération Barkhane et la Force Multinationale Mixte de la Commission du Bassin du Lac Tchad ;
6. Réaffirmons la pertinence des cadres juridiques, politiques et stratégiques adoptés par la CEDEAO pour lutter efficacement contre le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime transnational organisé et nous engageons à assurer leur mise en œuvre effective au niveau national et régional ;
7. Nous engageons à renforcer mutuellement les capacités de nos Forces de Défense et de Sécurité dans le domaine de la formation, du personnel et de l’équipement et appelons nos partenaires bilatéraux et multilatéraux à accompagner nos efforts notamment dans le domaine de la formation et l’équipement de nos forces de défense et de sécurité ;
8. Apportons notre soutien aux initiatives complémentaires destinées à s’attaquer plus particulièrement au fléau du terrorisme, de l’extrémisme violent et du crime transnational organisé dans le Sahel, notamment le Processus de Nouakchott, la mise en place et le déploiement de la Force Multinationale Mixte (FMM) de la Commission du Bassin du Lac Tchad ainsi que la création et l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5-Sahel ;
9. Appelons à renforcer la synergie, la complémentarité, le partage d’information et la coopération opérationnelle entre la MINUSMA, l’Opération Barkhane, la Force conjointe du G5-Sahel et la Force Multinationale Mixte (FMM) de la Commission du Bassin du Lac Tchad
10. Réaffirmons notre détermination à prévenir et à lutter contre l’extrémisme violent et la radicalisation, à travers une approche multidimensionnelle basée sur la solidarité active, notamment:
a. l’élaboration et la mise en œuvre des mesures de nature à permettre l’identification et l’éradication des méthodes de propagande utilisées par les sectes extrémistes pour attirer et recruter des jeunes et autres groupes vulnérables ;
b. l’implication des leaders religieux et communautaires, des femmes, des universitaires et autres groupes concernés de la société civile dans l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de dé-radicalisation, de réinsertion et de réintégration, de réconciliation ainsi que la promotion de la culture de la tolérance et de la paix dans les enseignements religieux, du dialogue inter-ethnique, intra et inter-religieux ;
c. le renforcement des lois nationales pénalisant le recrutement, la propagande, l’incitation, le soutien, la tentative ou le complot en vue de participer à des idéologies radicales violentes;
d. la promotion de l’éducation à la paix, à la citoyenneté, ainsi que la formation professionnelle et l’emploi ;
11. Encourageons la mise en place d’une plateforme de coopération judiciaire entre, d’une part, les Etats membres de l’espace CEDEAO et d’autre part, entre ces Etats et d’autres Etats en dehors de l’espace, ainsi que la création de pôles judiciaires spécialisés dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime transnational organisé ;
12. Instruisons le Président de la Commission CEDEAO à prendre les mesures idoines pour accélérer la mise en œuvre, avec la participation technique de INTERPOL, du Système d’information policière de l’Afrique de l’Ouest (SIPAO/WAPIS), notamment l’appui opérationnel, technique et en formation à la mise œuvre du Programme SIPAO/ WAPIS au niveau national et l’établissement d’une plateforme régionale de partage de données policières ; et nous engageons fermement à faciliter et appuyer la mise en œuvre de SIPAO/WAPIS ;
13. Réaffirmons, également, notre détermination à renforcer la gestion et la sécurité de nos frontières terrestres communes à travers notamment:
a. le renforcement des capacités des administrations nationales impliquées dans la gestion et le contrôle des frontières (police, gendarmerie, garde nationale, douane, …) ;
b. l’appui à la fourniture des équipements et matériels nécessaires à la bonne gestion et la surveillance des aires frontalières dans les zones les plus sensibles de la région ;
14. Convenons de renforcer la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre et la mise en œuvre du Traité sur le Commerce des Armes à travers notamment :
a. le respect scrupuleux de l’interdiction des transferts d’armes aux acteurs non-étatiques et appelons les pays fabricants et fournisseurs d’armes à en faire de même ;
b. le contrôle des transferts légaux d’armes vers la région ;
c. l’amélioration de la gestion et de la sécurisation physique des stocks d’armes et munitions ;
15. Demandons au Groupe Inter-gouvernemental de lutte contre le blanchiment de l’argent (GIABA) de renforcer les capacités des structures étatiques compétentes pour prévenir et combattre le blanchiment de l’argent et le financement du terrorisme
16. Nous-nous engageons à mettre en œuvre des politiques publiques et des options complémentaires au recours à la force et à mettre en place des programmes et des actions de valorisation de nos territoires, par la création des pôles de développement et de croissance avec des activités génératrices d’emplois en faveur de la jeunesse et l’accès aux infrastructures socio-éducatives de base ;
17. Appelons la CEDEAO à jouer pleinement son leadership politique, dans la lutte coordonnée contre le terrorisme et le crime transnational organisé dans l’espace sahélo-saharien, et à s’assurer de la coordination et de la synergie entre initiatives pertinentes en cours ;
18. Appelons, à cet égard, la CEDEAO à :
a. initier un cadre de concertation régulière tant au niveau technique que politique avec les arrangements régionaux existants, notamment le G5-Sahel et la Commission du Bassin du Lac Tchad ;
b. renforcer la coopération inter-régionale entre la CEDEAO et la CEEAC sur les questions de paix et sécurité, et à entreprendre les consultations nécessaires pour la tenue, au premier semestre 2018 du Sommet conjoint des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO et de la CEEAC sur le terrorisme et le crime transnational organisé ;
19. Instruisons le Président de la Commission de la CEDEAO à élaborer un plan d’actions de mise en œuvre des engagements souscrits dans la présente Déclaration ;
20. Décidons de la mise sur pied d’un Comité de suivi de la mise en œuvre de la présente Déclaration dont la composition et les modalités sont à définir par la CEDEAO en concertation avec l’Union Africaine et les Nations Unies ;
21. Lançons un appel à tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux à renforcer leur soutien politique, technique et financier pour lutter contre le terrorisme et le crime transnational organisé dans l’espace sahélo-saharien ;
22. Décidons de rester saisis de la question.
Fait à Bamako, le 14 octobre 2017