Cantonnement : 9 000 combattants pour la CMA et environ 20.000 pour la Plateforme

Par kibaru

Comme en fin de chaque semaine, le QG de la MINUSMA a abrité hier une conférence de presse animée par Mme Radia Achouri, porte-parole de la mission. Elle était en compagnie de M. Samba Tall, Directeur de la réforme du secteur de la sécurité (RSS) et du désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) de la MINUSMA. Cette rencontre était destinée à faire le point sur l’évolution de ce processus qui a accusé un grand retard à l’instar de plusieurs dispositions prévues par l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. D’après nos sources, la CMA a déjà soumis une liste provisoire de plus de 9 000 combattants à cantonner. Pendant ce temps, la Plateforme a différé l’annonce sur les effectifs de ses combattants pour la prochaine session de la Commission mixte de sécurité prévue les 18 et 19 mai prochain.

Lors de son dernier séjour au Mali, le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, avait adressé une critique à peine voilée au gouvernement en lui reprochant la lenteur dans la mise en place des autorités intérimaires. Alors que celle-ci détermine tout le reste à savoir Opérationnalisation du MOC, patrouilles mixtes, préparatifs des élections de proximité… Il s’en était également pris aux groupes armés pour leur demander de fournir rapidement la liste de leurs combattants à cantonner. Parallèlement, il n’a pas tari d’éloges à l’endroit de la mission qui, selon lui, a pleinement rempli son contrat relatif à la construction de trois sites de cantonnement déjà prêts à accueillir des combattants. Une fois de plus, il semble que le diplomate onusien est passé à côté, car n’étant pas très au fait de la situation.

Ainsi, ce sont ses propres éléments qui ont apporté les recadrages nécessaires. En effet, selon le Directeur de la réforme du secteur de la sécurité (RSS) et du désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) de la MINUSMA, Samba Tall, les travaux de construction de trois sites de cantonnement à savoir Likrakar, Fafa, Inneguar sont en cours de finition. Ce qui veut dire que leur construction n’est pas achevée.

Selon les explications de Samba Tall, une fois la construction de ces sites terminée, cinq autres vont suivre. Il estime que d’ici la fin du mois de juin, huit sites de cantonnement seront prêts à accueillir des combattants. Il s’est félicité des décrets présidentiels relatifs à la création de la commission DDR et celle en charge de l’intégration tout en exhortant le gouvernement à en nommer les membres rapidement. Il a tenu à préciser que selon les termes de l’accord, c’est le gouvernement qui est le principal maître d’œuvre de ce processus et la MINUSMA n’est qu’un partenaire parmi les autres.

Il y a lieu de rappeler que sur les 24 sites prioritaires proposés conjointement par la CMA et la Plateforme (12 chacun) 15 ont fait l’objet de reconnaissance. Sur ce chiffre, 11 ont été validés par la CTS (Commission technique de sécurité) et 3 avaient été proposés pour la construction. Cependant, il semble que ce processus, également déterminant dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord, va prendre plus de temps que prévu.

Effectif pléthorique

En effet, le nombre réel de combattants à cantonner demeure un mystère. Cela, si l’on part du fait que la capacité d’accueil de chaque site de cantonnement est de 750 à 800 combattants. Selon nos sources, si la CMA a déjà fourni une liste provisoire. La Plateforme a promis de se prêter à cet exercice au cours de la prochaine session de la Commission Technique de Sécurité prévue les 18 et 19 mai prochain. Toutefois, certains évoquent environ 20 000 combattants pour une quinzaine de sites. Il convient de préciser que la CMA, à elle seule, avait déjà proposé 24 sites dont 12 prioritaires. Raison pour laquelle elle a déposé une liste comprenant plus de 9 000 combattants. Interrogé, l’un des leaders des ex-rebelles a posé la condition selon laquelle tant que tous ces combattants ne seront pas cantonnés d’un seul coup. Ce, pour ne pas créer des frustrations. Donc, si on fait le total en se référant aux propos tenus dans chaque camp, on devrait s’attendre à plus de 40 000 combattants concernés par cette mesure. A ceux-là s’ajoutent d’autres qui opèrent en solo et n’appartiennent à aucun mouvement. Reste maintenant le travail qui sera fait par les deux commissions DDR et intégration pour voir qui est éligible et qui ne l'est pas.

En tout cas, cette situation mérite d’être clarifiée, car plus on met du temps plus l’espoir de réaliser une paix durable s’éloigne.