Conclusions de la mission d’enquête spéciale sur de graves abus des droits de l’homme à Koulogon-Peul, dans la région de Mopti

Par kibaru

Suite aux allégations d’une attaque dans le village de Koulogon Peul le 1er janvier 2019 ayant causé la mort d’une trentaine de personnes, une mission d’établissement des faits a été déployée dans ledit village, du 7 au 11 janvier dernier, dans le but d’établir les faits, de déterminer les circonstances de l’attaque, d’identifier les auteurs présumés et d’établir les responsabilités. L’équipe d’établissement des faits était composée de huit chargés des droits de l’homme et deux officiers de la Police des Nations Unies (UNPOL).

L’attaque du village de Koulogon Peul ne constitue pas un incident isolé, mais s’inscrit au contraire dans le cadre d’incidents fréquents sur fond de tensions communautaires dans la région de Mopti. En effet, entre novembre et décembre 2018, la MINUSMA a documenté au moins 15 autres attaques dans le seul cercle de Bankass, toutes visant des membres des communautés dogon et peule. 

Au terme de cette enquête, la MINUSMA et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, sont en mesure de conclure que, le 1er janvier 2019, une centaine d’individus armés, identifiés comme des chasseurs traditionnels (dozos), et appuyés par d’autres individus venant des villages avoisinants, ont mené une attaque planifiée, organisée et coordonnée à l’encontre de la population peule du village de Koulogon Peul. Selon les conclusions de l’enquête, au cours de l’attaque, les dozos ont sommairement exécutés 36 civils, tous membres de la communauté peule, dont une femme et quatre enfants (deux filles et deux garçons), au moyen de fusils de chasse et d’armes automatiques et semi-automatiques. Huit des 36 victimes ont d’abord été exécutées puis brûlées dans leurs cases. Trois corps ont été mutilés. Au cours de cette attaque, neuf personnes ont été blessées, parmi lesquelles une femme très âgée qui a succombé à ses blessures, le 14 janvier. Un assaillant a également perdu la vie au cours de l’attaque.

De plus, quelques 173 cases et 59 des 61 greniers, ont été volontairement incendiés ou pillés, privant ainsi les survivants de l’attaque des denrées indispensables à leur survie. Les deux seuls greniers restant ne pouvant nourrir que 62 familles du village pendant 15 jours.  

La MINUSMA salue toutes les actions entreprises par les autorités maliennes, notamment le déploiement immédiat d’un détachement des Forces armées maliennes (FAMa) dans le village de Koulogon Peul, appuyé par les Casques bleus de la MINUSMA, pour sécuriser les populations, l’arrestation d’une dizaine de personnes impliquées dans l’attaque et l’ouverture d’une enquête judiciaire par le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Mopti, ainsi que la distribution de produits de première nécessité pour les rescapés. Le 4 janvier, le Président de la République, accompagné d’une forte délégation, s’est rendu sur les lieux de l’incident pour rassurer les populations.

Aussi, la MINUSMA offre son soutien technique et logistique au Gouvernement du Mali, aux fins d’accélérer la conduite des enquêtes judiciaires en cours, d’établir les responsabilités et de sanctionner les auteurs de ces graves abus des droits de l’homme. « Il est essentiel que toutes les actions nécessaires soient prises pour mettre un terme à ce cycle de la violence. J’exhorte les autorités maliennes à intensifier leurs efforts pour démanteler tous les groupes armés et les groupes d’autodéfense communautaires actifs dans le Centre du Mali et à poursuivre les initiatives de réconciliation et de cohésion sociale dans les localités affectées », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, M. Mahamat Saleh Annadif.

MINUSMA