Entretien : Un leader du MSA accuse les Kidalois de la CMA d’être seuls maitres des décisions

Par kibaru

Depuis quelques jours, les membres de la coordination provisoire du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) nouvellement créé sont à Bamako pour des prises de contact avec les parties prenantes de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Nous avons pu rencontrer le Pr Albachar Ag Hamatou, l’un des responsables politiques de ce mouvement dont les éléments clés sont, pour la plupart, issus des rangs du HCUA et du MNLA.

Pour lui, la décision de quitter les rangs de ces mouvements et de former le MSA est motivée par le fait que les décisions au nom de la CMA sont prises uniquement par les Kidalois, à l’exclusion ainsi de tous les autres. S’y ajoute aussi le fait que malgré l’insécurité grandissante qui prévaut dans plusieurs localités du Nord du pays,  les responsables de la CMA accordent peu, sinon pas d’intérêt à cette situation. D’où la frustration des populations. Comme troisième motivation, il explique le fait que bien qu’ayant été signé le 15 mai et parachevé le 20 juin 2015, l’accord tarde à être pleinement mis en œuvre et certaines de ses dispositions n’ont pas été bien comprises.

S’agissant du nombre de combattants dont ce nouveau mouvement dispose, notre interlocuteur évoque plus de 8 000. Concernant les difficultés pour être accepté au sein des mécanismes de mise en œuvre de l’accord, il affirme que le MSA est prêt à jouer le rôle d’une quatrième partie au cas où il lui arriverait de ne pas être reconnu par les trois autres à savoir le Gouvernement, la Plateforme et la CMA. Aussi, il ajoute que le MSA est composé d’éléments qui ont participé activement à la rédaction et aux négociations sur l’accord. Donc, il rejette toute idée d’être exclu du processus de paix. Une démarche également soutenue par l’inclusivité prônée par l’accord. 

L’autre aspect qui n’est pas à négliger, c’est que les zones que ce mouvement revendique sont habitées par des communautés qui se sentent marginalisées et accordent un soutien indéfectible à tout celui qui entend les protéger. Il s’agit de celles établies sur la rive gauche du fleuve Niger notamment dans les régions de Ménaka et Gao jusqu’aux frontières nigériennes et algériennes. Autant de moyens de pression que notre interlocuteur qualifie de fournis, logiques et dans certains cas juridiques. Ainsi, selon lui, le MSA ambitionne d’obtenir des places au sein du Comité de suivi et de toutes les sous-commissions thématiques. Pour lui, toute personne qui serait réfractaire ou hostile à cette idée est de mauvaise foi pour appliquer l’accord, stabiliser le pays et ramener la quiétude au sein des populations.

Par ailleurs, il a souligné que la cohabitation entre le MSA et les autres mouvements de la CMA est très bonne. Tout en prévenant avoir été démarché par des communautés très représentatives dans la Plateforme qui lui ont assuré un accueil en leur sein au cas où ce mouvement était rejeté par la CMA. Il a signalé que leur credo c’est de ne tirer sur aucun Malien à part les malfaiteurs qui tentent de profiter de la situation actuelle pour commettre des exactions.

S’exprimant sur la situation à Kidal, le Pr Albachar a indiqué que c’est un conflit absurde et qu’il convient de le régler de façon négociée et consensuelle. Avant de rappeler que l’objectif principal que se fixe le MSA, c’est d’appliquer pleinement l’accord pour que la paix et la stabilité soient de retour dans le septentrion malien.