Comme l’a annoncé l’Etat-major des armées françaises, l’Algérien Jamal Okacha alias Abou Al-Hammam a bien été tué par un raid qui a visé un convoi dans lequel il était, hier jeudi 21 février. Selon nos sources, ces frappes de l’armée française sont survenues dans une localité dénommée Elakla, une zone désertique habitée par des nomades, située à une centaine de kilomètres au Nord de Tombouctou. A en croire, les mêmes sources, les forces françaises de Barkhane encerclait la zone depuis le 7 février dernier après l’arrestation de Ibrahim Ould Hamoud (Aka Abu Dardar al-Shinquiti).
L’on apprend aussi qu’Abou Al-Hammam s’y était retranchée pour des soins, car il était très malade. Ce qui justifie sans doute son silence si soudain depuis un certain temps. Alors qu’il était très virevoltant multipliant les déclarations hostiles à la France au nom du JNIM. Dans le but de desserrer l’étau autour de lui afin de l’évacuer pour des soins, certains de ses complices ont lancé une attaque contre les forces françaises présentes dans la zone. Celles-ci n’ont donc fait que riposter à travers des moyens motorisés et héliportés appuyés par un drone Reaper. Abou Al-Hammam a donc été abattu avec onze autres djihadistes dont deux de ses fidèles lieutenants. Parmi ceux-ci d’aucuns évoquent le nom de Abderrahmane Talha dit Talha Al-Liby, chef de la katiba Al-Fourghan. Abou Al-Hammam bien que désigné en 2012, comme émir du Grand Sahara, une zone qui couvre le sud de l’Algérie et les pays du Sahel, n’a jamais abandonné les rennes de la Katiba Al-Fourghan.
Toutefois, au cas où Abderrahmane Talha dit Talha Al-Liby ne ferait pas partie des victimes du raid de jeudi dernier il pourrait donc remplacer Abou Al-Hammam à la tête de l’Emirat du Grand Sahara. Abou Al-Hammam était récemment pressenti pour prendre la place de Iyad Ag Ghali à la tête du « Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans » (JNIM).
L’homme de 41 ans a un parcours exceptionnel dans le djihadisme. C’est l’un des derniers mohicans de la première génération des dirigeants algériens du GSPC. Abou El Hemmam a une expérience de 8 ans au nord-Mali où il était venu en 2004 du temps de l’ex-Gspc avec Abderrazak El Para. Il est également connu pour avoir participé dans des attaques en Mauritanie dont celle survenue en juin 2005 dans la garnison militaire de Lemghetity coûtant la vie à 17 soldats mauritaniens. Il était aussi le chef du groupe armé qui a tué trois soldats mauritaniens à El Ghallawiye en décembre 2007, une année après la métamorphose du Gspc en Aqmi. A ce sanglant palmarès s’ajoute sa participation à l’attaque de Tourine qui a couté la vie à 12 soldats mauritaniens en septembre 2008 à laquelle tous les émirs d’Aqmi au Sahel avaient participé, à l’exception de Belmokhtar. C’est lui qui envoie aussi en juin 2009 un jeune mauritanien monter une «cellule d’exécution des occidentaux» vivant en Mauritanie. A son actif, l’assassinat de l’américain Christopher Legget. Deux mois après, en aout 2009, Abou El Hammam envoie un kamikaze mauritanien, Moussa Albasri, sur l’ambassade de France en Mauritanie. Moussa meurt dans l’explosion qui a blessé deux gendarmes français. Il s’est fait également remarqué dans la prise d’otage. Son coup le plus spectaculaire est survenu en décembre 2009, lorsqu’il a planifié le kidnapping sur le sol mauritanien d’un couple d’italiens à proximité près de la frontière malienne. Un parcours relaté par un spécialiste en la matière sur son compte Twitter.
Abou al-Hammam est considéré comme l'un des principaux chefs d'Al-Qaïda au Sahel. Il dirigeait le katiba Al-Furqane à la tête d'un groupe d'hommes armés aux côtés des forces d’Ansar al-Din et ils ont contrôlé la ville de Tombouctou après avoir chassé les forces maliennes en 2012. C'était avant d'être désigné Emir du Grand Sahara après la mort de son chef Abdelhamid Abou Zeïd, tué entre le 22 et le 27 février 2013 à la bataille de Tigharghâr, près d'Aguel'hoc au Nord du Mali.
Son vrai nom est Okacha Jamal, son nom de guerre est Yahya Abu al-Hammam, originaire de la région du Reghaia, à l'est de la capitale Alger, et a rejoint les groupes djihadiste à la fin des années 90 après avoir été libéré de la prison où il a passé 18 mois.
L’annonce de sa mort intervient à la veille de la visite que doit effectuer au Mali, le Premier ministre français Edouard Philipe. Lequel sera sûrement accompagné par le chef de la diplomatie française, Jean Yves Ledrian et son homologue en charge des armées, Florence Parly.