Les 3 et 4 avril dernier, la commune de Goundam, située à environ 90 km au sud-ouest de Tombouctou, a servi de cadre à la tenue de concertations intercommunautaires. Initiée par le Chef général de la tribu Kel Ansar, Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed dit Nasser, cette rencontre a aussi vu la présence de nombreux dépositaires de légitimités (coutumières, traditionnelles, religieuses). Il s'agissait pour les participants essentiellement composés de chefs de villages et de fractions du cercle d'échanger sur des sujets relatifs à l'insécurité, à la réorganisation administrative et territoriale, à la paix, à la cohésion sociale, à la réconciliation et au vivre ensemble. Les travaux étaient placés sous la supervision des autorités municipales, administratives et militaires du cercle.
Parmi les hôtes de marque de ces concertations, on peut citer notamment le Chef de la tribu Imididaghane, Alhassane Ag Assadeck, le Président du Conseil Supérieur des Kel Razzaf Echerifienne, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, etc.
Dans un mot prononcé pour la circonstance, le préfet du cercle de Goundam, Mamadou Konaté a salué la tenue de ces concertations. A ses yeux, seuls des échanges francs et sincères permettront de sortir le pays de la situation dans laquelle elle se trouve. Selon lui, cela ne peut se faire sans l'implication des dépositaires de légitimités. Il s'est réjoui du fait que le cercle de Goundam est l'un des rares de la région de Tombouctou où circuler librement ne constitue plus un danger. Il a aussi rassuré du soutien des autorités maliennes à ce genre d'initiatives en vue de favoriser le retour de la paix, la cohésion sociale, la réconciliation et le vivre ensemble.
Dépasser les clivages
De son côté, le Chef de la tribu Imididaghane, Alhassane Ag Assadeck, n'a pas manqué de rappeler le rôle que peuvent jouer les dépositaires des légitimités dans le contexte que le pays connait. Pour lui, ceux-ci doivent conseiller les autorités et les communautés sur les orientations et les décisions à prendre dans l'intérêt supérieur de la nation. Pour lui, cette rencontre vise à permettre aux communautés de réfléchir sur les réformes en cours et de proposer des pistes de solution. Ce qui, selon lui, ne peut se faire sans une bonne organisation et la nécessité de dépasser les clivages pour une entente. Il a aussi plaidé pour la mise en œuvre de l'accord issu du processus d'Alger sans laquelle il sera difficile d'engager certaines réformes.
Pour sa part, le Président du Conseil Supérieur des Kel Razzaf Echerifienne, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, non moins membre du Conseil National de Transition (CNT) a plaidé pour un renforcement de la collaboration entre les populations et les forces armées maliennes. Pour lui, cela est indispensable pour mettre un terme à l'insécurité qui sévit dans la région de Tombouctou.
Il a appelé les deux camps à ne pas se regarder en chiens de faïence et que chacun puisse dénoncer les brebis galeuses en son sein. Il n'a manqué de saluer les efforts du préfet du cercle de Goundam, Mamadou Konaté qui, malgré la situation, est toujours resté aux côtés de ses administrés même lors des remous occasionnés par les législatives de 2020 dans la zone.
L'occasion a été mise à profit par Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune de rappeler l'importance de l'implication des communautés à la base dans les réformes en cours afin de surmonter les difficultés auxquelles leur mise en œuvre est confrontée.
S’investir pour la paix
Pour le chef général de la tribu Kel Ansar et Alliés, Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed dit Nasser, la tenue de ces concertations vient à point nommé. Selon lui, en tant que leader communautaire et membre du Conseil National de Transition, il devait revenir à la base pour prendre contact avec les communautés, les écouter afin de recueillir leurs préoccupations sur les sujets de l'heure. Lesquels sont, entre autres, relatifs à l'insécurité, à la réorganisation administrative et territoriale. Cela, en vue de les faire partager avec la structure faisant office de parlement durant cette période à savoir le Conseil national de Transition (CNT).
Il a aussi précisé que d'autres sujets ont été abordés par les participants tels que le retour de la paix, la cohésion sociale, la réconciliation nationale et le vivre ensemble. Il s 'est aussi félicité du fait que les différentes communautés du cercle de Goundam à travers leurs chefs de villages et de fractions ont promis de s'investir pour que la paix soit une réalité.
Désarmement effectif
Aussi, il a été annoncé que ces concertations ont pour objectif de préparer une rencontre beaucoup plus grande à Goundam afin d'évaluer les décisions prises. Parmi celles-ci, on peut citer l'érection du cercle de Goundam en région, le refus des habitants de certaines localités de ce cercle d'être rattachées à la région de Taoudeni comme le prévoit le projet de réorganisation administrative et territoriale en cours, etc.
Par ailleurs, nombreux sont les participants qui ont plaidé pour un désarmement plus effectif de tous les détenteurs illégaux d'armes à travers une accélération de la mise en œuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger qui a déjà connu d'énormes retards.