La localité d’Intachdayt, située à environ 70 km de Kidal a été, tôt ce matin, le théâtre de combats d’une rare violence opposant la CMA à la Plateforme, deux groupements de mouvements signataire de l'accord pour la paix et la réconciliation. C’est presque à la mi-journée que les affrontements ont pris fin, mais la situation reste tendue. Selon nos informations, les éléments des ex-rebelles sont retournés à Kidal ville et ceux de la Plateforme à Anefis. Déjà, des mouvements de troupes sont constatés dans la zone.
Quant au bilan, des sources dignes de foi évoquent d'au moins quatre morts dont deux de chaque côté et des blessés. Les combats auraient également fait d’énormes dégâts matériels avec la destruction de plusieurs véhicules. Il faut dire que la situation était très tendue depuis un certain temps entre les communautés Imgad (majoritairement favorables à la Plateforme) et Idnan (majoritairement favorable à la CMA). Le nombre des victimes pourrait aussi évoluer au regard de la violence des affrontements.
Depuis quelques mois, plusieurs exactions ont été signalées de part et d’autre. Signalons que cette zone est initialement sous le contrôle des ex-rebelles. Mais depuis les combats les ayant opposés aux éléments de la Plateforme en juillet 2016, aucun mouvement de troupe n’a été observé.
Pour l’heure, il est encore difficile de situer les véritables responsables de ces affrontements. Une chose est néanmoins sûre : les mouvements se guettent en chien de faïence et à chaque fois que l’un d’eux entre dans la zone, l’autre réplique. A noter qu’avec ces affrontements opposant ouvertement la CMA et la Plateforme, c’est la première violation flagrante des accords de cessation des hostilités. Malheureusement, cette situation était perceptible depuis quelques jours sans que la MINUSMA ne s’interpose. On se souvient que lors des débats à New-York sur le renouvellement du mandat de la mission onusienne, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif a demandé au Conseil de sécurité de durcir le ton en sanctionnant sévèrement ceux qui violent le cessez-le-feu.
Dans un communiqué rendu public aujourd’hui, la MINUSMA a indiqué que « Ces agissements de la part des mouvements sont d’autant plus condamnables qu’ils font fi de tous les appels que nous n’avons pas cessé de lancer à leurs dirigeants de faire preuve de sagesse et d’agir avec responsabilité ». Pour le patron de la MINUSMA : « Il s’agit de violations de l’Accord de paix et des résolutions du Conseil sécurité. Si elles persistent, elles affecteront non seulement la mise en œuvre de l’Accord de paix, profitant ainsi au terrorisme pour gagner davantage du terrain, mais elles risquent également de saper la confiance des maliennes et maliens et de la communauté internationale toute entière en la bonne foi des mouvements signataires en tant que partenaires sérieux et crédibles dans la quête du Mali pour une paix durable ». C’est ainsi qu’il a exhorté « les responsables de la Coordination des Mouvements de l’Azawad et de la Plateforme à assumer pleinement leurs responsabilités et à agir d’urgence pour mettre fin irréversiblement à ces violations qui ne seront pas sans conséquences si elles ne cessent pas ».
Cette situation intervient alors que s’ouvrent demain les travaux des sous-comités thématiques en prélude à la 18e session du Comité de suivi de l’Accord (CSA) prévue les 10 et 11 juillet prochain. Ce qui risque de mettre en péril les avancées réalisées dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.