Le torchon ne cesse de brûler entre une partie de la population kidaloise et les soldats français de l’Opération Barkhane. Les rapports entre les deux ont été détériorés suite à l’assaut lancé par ces derniers contre le domicile d’un riche homme d’affaires, le dimanche 1er octobre dernier, permettant l’arrestation d’au moins sept personnes, soupçonnées de collaborer avec les terroristes. Depuis ce jour, la ville de Kidal vit régulièrement au rythme des manifestations aux cours desquels les protestataires réclament la libération des personnes arrêtées et le départ des forces françaises. Une situation qui oblige le gouverneur fraichement revenu dans la ville à freiner ses prises de contacts visant à assurer un retour rapide de l’administration.
Si les manifestants disent ne pas être opposés à l’arrestation de personnes suspectées de terrorisme, ils dénoncent surtout la méthode musclée utilisée dans ce cadre. Selon eux, les soldats français ont nuitamment bombardé la résidence de l’homme d’affaires Mahamadou Ag Rhissa mettant en danger la vie des enfants et des femmes qui s’y trouvaient. Pour eux, les militaires français auraient dû privilégier la méthode douce, comme il est de coutume, pour arrêter les personnes suspectées au lieu d’exposer la vie des autres. D’autant que le principal suspect dans cette affaire à savoir l’opérateur Mahamadou Ag Rhissa n’a pas été inquiété. Pourtant, ce dernier qui opère dans les secteurs du commerce, des transports et des communications entre la ville de Gao, l'Algérie, en passant par Kidal, est soupçonné de se livrer à des activités illégales telles que la contrebande de migrants clandestins. Aujourd’hui, il est libre de tous ses mouvements.
Ce qui n’a pas été le cas pour les sept autres personnes arrêtées dans sa résidence lors du raid menées par les forces françaises. Ainsi, depuis ce jour, la tension s’est accentuée entre une partie de la population kidaloise et les soldats de l’Opération Barkhane. C’est notamment la raison pour laquelle les manifestations hostiles à la présence des militaires français se multiplient dans la ville, depuis un certain temps. Et les manifestants se disent déterminés à poursuivre leur mouvements jusqu’à la satisfaction totale de leurs doléances à savoir la libération des personnes détenues et le départ des troupes françaises de la ville.
Cette situation a quelque peu freiné les démarches entreprises par le gouverneur de la région, Sidi Mohamed Ichrach, pour favoriser le retour de l’administration. D’ailleurs, sa promesse de démarrer l’année scolaire en même temps que les autres régions du pays, le lundi 9 octobre prochain, sera difficilement tenue en raison des tensions qui règnent dans la ville. Outre l’éducation, ce sont tous les autres secteurs de l’administration dans la ville qui se retrouvent paralysés. L’exemple le plus frappant c’est le gouvernorat dont les locaux n’ont toujours pas été réhabilités et le drapeau malien qui n’a pas encore été hissé dans cet édifice. Ce, malgré la libération du bâtiment par les ex-rebelles de la CMA. En tout cas, la tension est très vive dans la ville et l’hostilité à l’encontre des forces françaises gagne du terrain.