La MINUSMA ferme ses derniers camps et quitte le Mali Des manœuvres diplomatiques au Mali

Kidal : la recrudescence de la violence compromet le retour de l’administration avant le 20 juin

Par kibaru

Depuis un certain temps, Kidal et ses environs sont en proie à une violence inouïe. Celle-ci oppose essentiellement les tribus Idnan et Ifoghas majoritairement proches de la CMA d’un côté et les Imghad (qui se reconnaissent majoritairement du GATIA) de l’autre. Ainsi, l’on déplore de nombreuses victimes de part et d’autre. Une situation aggravée par le bras de fer en cours entre le gouvernement et les ex-rebelles de la CMA à propos de la date du retour de l’administration malienne prévu avant le 20 juin, date anniversaire de l’An II de la signature de l’accord de paix.   

En effet, depuis la fin de la 18e session du Comité de suivi de l’Accord, tenue à Bamako, les 5 et 6 juin dernier, une série de violences oppose les tribus favorables à la CMA (Idnan et Ifoghas) à celle de la Plateforme (Imgad). Bien qu’on ignore les raisons et les origines de ces violences, toujours est-il qu’elles ont fait de nombreuses victimes et entrainé un déplacement massif des populations. Chaque camp accuse l’autre d’être derrière ces violences.

De sources dignes de foi, plusieurs personnes de la tribu des Imgad, par peur de représailles avaient trouvé refuge dans le camp de la MINUSMA à Kidal. Il convient de préciser que depuis les combats meurtriers les ayant opposés à la CMA au mois juillet 2016, les éléments du GATIA ont été contraints de se retirer de la ville de Kidal, qui est depuis entièrement sous le contrôle des ex-rebelles. De plus, la MINUSMA a instauré une zone de sécurité dans un périmètre de 10 km pour empêcher toute incursion à partir de l’extérieur de la ville. Quant aux éléments du GATIA, ils sont stationnés à environ 12 km de la ville de Kidal. De ce fait, ils estiment que leurs proches restés à Kidal sont très souvent l’objet d’exaction de la part des ex-rebelles de la CMA. Ce qui les pousse à se réfugier dans le camp de la MINUSMA. Rappelons que ces violences dans la région de Kidal sont surtout maquées par des enlèvements, séquestrations, tortures, pillage, meurtres, etc. Malgré l’existence de mécanismes d’observation prévus par l’accord tels que les Equipes Mixtes d’Observation et de Vérification (EMOV) la MINUSMA tarde à diligenter une enquête indépendante sur ces allégations. De quoi augmenter la frustration de certains s’estimant lésé et qui n’hésiteront pas à recourir aux armes pour se venger si rien n’est fait.

 

Par ailleurs, dans un communiqué dont nous avons eu copie, la CMA rejette l’entente à laquelle sont parvenue une partie de ses membres et le gouvernement dans un document intitulé « Chronogramme du retour de l’administration à Kidal avant le 20 juin 2017 ». D’ailleurs, le signataire de ce document qui n’est autre que Sidi Brahim Ould Sidatt est très décrié. C’est peut être l’une des raisons qui explique son déplacement subite en France. Les ex-rebelles fixent ainsi comme préalables le respect de certaines dispositions de l’accord telles que l’établissement d’un nouveau chronogramme pour l’opérationnalisation des autorités intérimaires et du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) dans les régions de Tombouctou, Gao, Ménaka, Taoudéni et Kidal afin de concrétiser les actions prévues au cours de cette période intérimaire. Ils ont aussi dénoncé « toute tentative de tripatouillage de la mise en œuvre de l’Accord et exhorte la médiation internationale, les Parties à l’Accord et la communauté internationale à mener des actions consensuelles sans absurdité pour réussir une paix effective ». Ce qui prouve que le bout du tunnel est encore loin.