Dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas, la situation est toujours très tendue entre deux mouvements signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Il s’agit du GATIA (Plateforme) et du HCUA (CMA) qui se disputent les points et les droits de passage. Une source digne de foi a indiqué qu’une grande partie des troupes du GATIA s’est retirée près de la localité de Takalout, située à 45 km au sud-est de Kidal. On ignore si c’est pour apaiser la tension ou se préparer pour un assaut contre les éléments du HCUA qui sont sur le qui-vive.
La tension ne retombe toujours pas à Kidal où des éléments du GATIA et ceux du HCUA se regardent en chiens de faïence. Le litige entre ces deux mouvements signataires de l’accord tourne autour du contrôle des points et des droits de passage dans la ville. Pour le HCUA, c’est le GATIA qui est à l’origine de cette situation en violant les accords signés entre les deux mouvements pour la gestion pacifique de la ville. Le premier reproche au second d’avoir unilatéralement installé des postes de contrôle en fixant des tarifs et de renforcer, par la même occasion, sa présence dans la ville.
Selon un proche du HCUA, cette situation est inacceptable, car ce sont des pratiques similaires qui ont conduit les habitants de la ville à rejeter même la présence des services de l’Etat. C’est ainsi qu’il n’hésite pas à qualifier ces pratiques de « rançonner » contre la population.
Du côté du GATIA, c’est un tout autre son de cloche. Pour ce groupe armé de la Plateforme, le même système de gestion appliqué par le mouvement terroriste Ançar dine, au moment où il contrôlait la ville en 2012, reste toujours en vigueur. C’est ainsi qu’il affirme que des montants sont toujours prélevés sur des véhicules qui sortent de la ville sans que l’on ne sache leur destination. Selon un proche de ce mouvement, le HCUA veut gérer tout seul la ville et considérer les autres « comme des étrangers ». Une attitude qu’il qualifie de violation flagrante des dispositions de l’accord signé en février dernier suite à l’entrée des troupes du GATIA dans la ville et même des accords d’Anefis. Lesquelles prévoient un partage équitable dans la gestion des affaires de la capitale de l’Adrar des Ifoghas entre toutes les forces en présence.
Mieux, notre source précise également que le GATIA, dans une dynamique d’apaisement, avait unilatéralement décidé de lever l’un des deux postes de contrôle pour sortir de la ville. Mais qu’en retour le HCUA n’a fait aucun geste allant dans le sens du dialogue. Il a, par ailleurs, signalé que des démarches sont en cours en vue de ramener le calme et la quiétude au sein des populations de la ville.
Pour l’heure, cette situation est plus qu’explosive et nul ne peut affirmer avec certitude qu’elle ne débouchera pas sur un affrontement. Ce qui constituerait une violation flagrante du cessez-le-feu, jusqu’ici respecté par les mouvements armés signataires de l’accord. D’où l’urgence d’intervenir pour éteindre ce début d’incendie qui peut embraser tous les acquis obtenus dans le cadre du processus de paix.