Le centre de Tajourah, en Libye, a été vidé après le bombardement du 2 juillet mais les autorités libyennes continuent d’y envoyer des migrants. Selon Médecins sans frontières, environ 200 migrants y sont enfermés, malgré les risques pour leur sécurité. Le Haut-commissariat des Nations-unies aux réfugiés (HCR) se dit "très préoccupé" et réclame la fermeture du centre.
Malgré le bombardement survenu mardi 2 juillet dans le centre de détention de Tajourah, en Libye, les autorités continuent d’y enfermer des migrants.
"On a dénombré environ 200 personnes à l’intérieur", explique à InfoMigrants Sam Turner, chef de mission de Médecins sans frontières (MSF) en Libye, qui s’est rendu au centre en début de semaine. "Parmi eux, il y a au moins une dizaine de femmes et plusieurs jeunes enfants", continue-t-il.
Deux cents arrivées la semaine dernière
Selon MSF, dans la nuit du 9 au 10 juillet, 90 personnes interceptées en mer ont été renvoyées à Tajourah. Le 11 juillet, 115 migrants ont connu le même sort. Parmi eux, 70 ont été transférés depuis un autre centre libyen.
Une source humanitaire contactée par InfoMigrants - et qui souhaite rester anonyme - est inquiète. "En plus des arrivées depuis la mer, on pense que des personnes ayant fui le centre la semaine dernière y ont été renvoyées".
Un Soudanais avec qui InfoMigrants est en contact raconte qu’il a été renvoyé à Tajourah après avoir fui la prison la semaine dernière, confirmant les dires de la source humanitaire. "Je suis atteint de tuberculose, on m’a dit que je ne pouvais pas rester dans le centre du HCR". Des propos qui confirment ceux de l’humanitaire.
"Les personnes détenues risquent leur vie à tout moment"
Le Soudanais est désormais enfermé seul dans une cellule. "Les gardes refusent que les médecins des ONG viennent me voir et me donnent des médicaments", signale-t-il.
Le jeune homme assure également qu’un Somalien enfermé est gravement malade également et que, faute d’accès au corps médical, "il est en train de mourir loin des regards".
Selon la même source humanitaire, les autorités libyennes n’autorisent pas aux migrants qui souffrent de maladies contagieuses de rester dans le centre du HCR et donc de pouvoir prétendre à une relocalisation dans un pays tiers. "C’est complètement aberrant mais c’est malheureusement la réalité".
Les organisations internationales et les ONG répètent inlassablement que les migrants interceptés en mer ne doivent pas être enfermés, encore moins à Tajourah qui est situé dans une zone de conflits.
"Les personnes détenues risquent leur vie à tout moment", insiste Sam Turner de MSF. "Les femmes sont confinées dans la pièce adjacente à celle qui a été touchée lors de la frappe aérienne. C’est un champ de ruines".
"Repeupler ce centre signifie que 200 personnes sont directement exposées au danger. C’est très préoccupant", souligne Charlie Yaxley, porte-parole du HCR, joint par InfoMigrants, qui appelle à "la libération immédiate des nouveaux arrivants de Tajoura, mais aussi des autres centres de détention".
Infomigrant