Le week-end dernier a été émaillé par de nouveaux affrontements meurtriers entre les éléments du GATIA et ceux du HCUA, dans la localité de Tassik, située à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Kidal. Le bilan de ces combats fait état de 25 morts du côté du HCUA et 1 mort pour le GATIA. Il y aurait également de nombreux blessés de part et d’autre, dont certains dans un état grave. Le GATIA aurait aussi mis la main sur deux véhicules lourdement armés. Pour ce mouvement, l’objectif reste le retour de ses troupes à Kidal où elles s’étaient retirées la semaine dernière. C’est la seconde fois en moins d’une semaine que ces deux mouvements signataires de l’accord s’affrontent dans la région de Kidal. Et le décompte macabre tant du côté des civils que de celui des combattants ne fait qu’augmenter.
Apparemment, la fragilité des différents accords de cessation des hostilités au nord du Mali est une réalité. Ainsi, la fin du mois de juillet a sans doute été l’une des périodes les plus meurtrières jamais enregistrées dans les combats opposant les mouvements armés signataires de l’accord. Pour la seconde fois en moins d’une semaine, des affrontements meurtriers ont opposé le GATIA au HCUA, dans une localité située à une soixantaine de kilomètres de Kidal. On n’ignore les éléments déclencheurs de cette flambée de violence, car les deux mouvements se rejettent la responsabilité. Pour le HCUA, ils étaient en train d’enterrer leurs morts lorsque des éléments armés du GATIA s’en sont pris à eux. Du côté du GATIA, on affirme que leurs forces n’ont fait que répondre à la provocation des ex-rebelles qui n’ont cessé de s’en prendre à leurs proches depuis leur retrait de la ville de Kidal suite aux combats meurtriers intervenus les 21 et 22 juillet dernier. En tout cas, le bilan est très lourd : 25 morts du côté du HCUA et 1 mort pour le GATIA. Il y aurait également de nombreux blessés de part et d’autre, dont certains dans un état grave. Le GATIA aurait aussi mis la main sur deux véhicules lourdement armés.
Parmi les victimes enregistrées du côté des ex-rebelles, l’on parle de la présence de nombreux chefs terroristes d’Ançar Dine dont Khalil Sidi Amar et Boghaba. Tous deux très proches de Iyad Ag Ghali.
Panique générale à Kidal
Pour l’heure, la localité où les combats du vendredi et samedi dernier ont eu lieu est sous le contrôle total des forces du GATIA. D’ailleurs, cette situation a provoqué une grande panique dans les rangs des ex-rebelles. De sources sécuritaires, craignant une contre-offensive des éléments du GATIA pour retourner à Kidal, des armes et munitions prises dans le stock de Nampala lors de l’attaque terroriste qui a visé le camp des militaires dans cette localité, le mardi 19 juillet dernier, ont été retrouvées aux mains des combattants d’un groupe contrôlant Kidal. Cet arsenal aurait été acheminé dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas par un dénommé Seytane Ag Hinna. Une situation qui prouve une fois de plus l’accointance entre certains groupes signataires de l’accord et les terroristes.
Le retour à Kidal, principal objectif du GATIA
Selon nos sources, le GATIA ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’objectif final reste le retour de ses troupes à Kidal. D’ailleurs, pour les responsables de ce mouvement, son retrait de cette ville n’est intervenu qu’à la faveur d’un accord non respecté par les ex-rebelles. Ainsi, les deux camps se seraient entendus de continuer les affrontements hors de la ville pour épargner les civils. Ce que démentent les ex-rebelles qui affirment avoir fait subir aux éléments du GATIA une cinglante défaite, ce qui justifie leur sortie de la ville de Kidal. Pourtant, les observateurs avertis estiment que si c’était le cas comment comprendre que les forces du GATIA ont eu le temps de bien se préparer pour sortir de la ville alors qu’elles avaient le contrôle des locaux du Trésor, du Gouvernorat et du camp militaire ? Ce n’était donc pas une défaite comme le soutiennent les responsables de la CMA, mais bel et bien un accord.
Rôle controversé des forces internationales
Il semble que dans un conflit opposant le HCUA et le GATIA, les forces étrangères (Barkhane et MINUSMA) ont joué un rôle très négatif. D’abord, bien qu’étant au courant de la tension qui prévalait dans cette ville, elles n’ont rien fait pour prévenir les affrontements ni même les arrêter. Des sources affirment d’ailleurs qu’elles n’intervenaient qu’à la fin des combats. Pire, leur intervention est parfois même très partisane. En effet, selon un responsable militaire de la MINUSMA, ils ont déployé des forces à 10 km autour de Kidal pour empêcher les éléments du GATIA de faire leur entrée dans la ville. Pourtant, les éléments de la CMA ne cessent de faire des vas et viens dans la ville avec des armes sans être inquiétés. Cela veut-il dire que cette partie du territoire malien leur a été cédée par les forces étrangères ? En tout cas, la question est sur toutes les lèvres. Par ailleurs, la présence d’éléments terroristes dans ces affrontements a bien été signalée. Il est donc urgent qu’une solution soit trouvée à cette flambée de violence entre le GATIA et le HCUA, sinon le processus de paix sera complètement enlisé.