C’est à l’issue d’une réunion tenue, en fin de semaine dernière, à Tin Fadimata, localité située à 30 km au Nord de Ménaka que cette annonce a été faite. En effet, c’est donc une véritable saignée que vient d’enregistrer le mouvement national pour la libération de l’Azawad, dirigé par Bilal Ag Acherif. Deux cadres influents de ce groupe armé viennent d’annoncer leur démission avec armes et bagages. Il s’agit de Moussa Ag Acharatoumane et Assalat Ag Habi. Par la même occasion, ils ont lancé un nouveau groupe dénommé : Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA). Par ailleurs, Moussa Ag Acharatoumane affirme être parti avec plus de 400 pick-ups et des armes. Il annonce aussi qu’il a été suivi par de nombreux ex-officiers supérieurs de l’armée malienne originaires des régions de Ménaka, de Gao et de Tombouctou, qui avaient rejoint les rangs du MNLA en 2011. Même si ce nouveau mouvement aura difficilement une place au sein du processus de paix, Moussa Ag Acharatoumane déclare s’inscrire dans la logique de l’accord pour la paix et la réconciliation.
Nouvelle pas très surprenante
Il faut dire que cette défection était attendue depuis plusieurs semaines. En effet, Moussa Ag Acharatoumane et Assalat Ag Habi avaient récemment pris des distances par rapport au MNLA et même de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad). C’est surtout avec le récent conflit opposant la CMA et le GATIA pour la gestion de Kidal que le fossé s’est accentué. Aussi, ces deux personnalités reprochent aux leaders de la CMA un manque d’engagement pour améliorer les conditions des populations du septentrion malien.
Une défection de taille
Notons que cette nouvelle risque d’être lourde de conséquences pour la CMA, en ce sens que ces deux personnalités étaient très influentes au sein du MNLA. On se rappelle que Moussa Ag Acharatoumane était l’un de ses porte-paroles auprès de la presse internationale. Il dispose de précieux réseaux en Europe et dans la sous-région (au Niger notamment). Il avait participé à un grand nombre de médiations et était perçu comme une des figures montantes du MNLA. Malgré son jeune âge, il dirige une tribu touarègue importante dans la région de Ménaka à savoir les Dawsahak.
Le MNLA dans l’œil du cyclone
Rappelons que ce n’est pas la première fois que le MNLA enregistre des telles défections. Plusieurs leaders avaient claqué la porte un peu plutôt. C’est notamment le cas de l’ex-député de Bourem, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh qui n’a pas hésité à se retirer de ce mouvement au plus fort de la crise pour créer le sien, dénommé Coalition pour le Peuple de l’Azawad (CPA) actuellement dirigé par Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune. Plus récent, c’est la démission de Moussa Ag Assarid, le représentant du MNLA en Europe, pour manifester son mécontentement par rapport à la gestion de ce dossier. D’autres ont également suivi. Actuellement, le MNLA n’a plus la même influence aussi bien militairement que politiquement. Bon nombre de ses leaders ont soit été tués ou ont démissionné pour rejoindre d’autres mouvements. Ce qui fait que beaucoup se demandent s’il ne va pas tout simplement disparaitre.
La question qui est présentement sur toutes les lèvres est de savoir dans quel bord va atterrir le mouvement nouvellement créé. L’avenir nous en dira davantage.