Une nouvelle fois, les Burkinabé ont vécu une nuit cauchemardesque, le dimanche 13 août dernier. En effet, une attaque meurtrière a visé la cafétéria Istanbul située sur l’Avenue Kwamé N’kruma, à Ouagadougou. Bien que les premiers coups de feu aient retenti aux alentours de 21 heures, c’est finalement le lendemain, hier lundi à 4 heures du matin, que l’assaut a été donné par les Forces de Défense et de Sécurité du Burkina Faso. La comptabilité macabre fait état d’au moins dix-huit personnes tuées dont des expatriés.
Cette attaque rappelle celle aussi meurtrière perpétrée, le 15 janvier 2016, contre deux autres endroits (le restaurant Le Cappuccino et l’hôtel Splendid), très prisés par les Occidentaux en plein cœur de Ouagadougou. On se souvient que le bilan faisait état de 30 personnes tuées dont une majorité d’expatriés et 71 blessés. En effet, le mode opératoire utilisé dans les deux attaques est identique. Dans les deux cas, il s’agissait de faire le plus de victimes possible notamment dans les rangs des expatriés. C’est ainsi que parmi les 18 personnes retrouvées mortes lors de l’attaque de la cafétéria Istanbul perpétrée ce dimanche 13 août dernier figurent : sept Burkinabè, une Canadienne, deux Kowétiennes, un Français, un Sénégalais, un Nigérian, un Libanais, un Turc. Il reste trois autres victimes dont leur identification est toujours en cours. S’agissant du commando ayant mené cette attaque, il serait composé d’au moins deux personnes qui étaient sur des motos. Leur dépouille est en train d’être analysée afin de découvrir leur identité. Bien qu’aucune revendication formelle n’ait été encore enregistrée, le seul groupe capable de mener une attaque aussi violente est celui nouvellement créé par Iyad Ag Ghali « Nosrat al-Islam wal-Mouslimin » composé de tous les mouvements jihadistes ayant prêté allégeance à AQMI. Les autres groupes tels que celui de Adnan Abou Walid al-Sahroui, représentant Daesch au Sahel, ou encore Ansarul islam du Burkinabé Ibrahim Malam Dicko, annoncé pour mort, n’ont pas une aussi grande capacité de nuisance. Ils peuvent peut-être servir de relais mais il est difficile pour eux d’être les cerveaux de cette attaque. A noter que le mode opératoire utilisé pour celle-ci est également similaire à l’attaque du campement Kangaba, située dans la périphérie de Bamako, le 18 juin dernier. Une attaque d’ailleurs revendiquée par le même groupe dirigé par Iyad Ag Ghali.
Si l’on s’en tient au cycle de violence mis en place le 20 novembre 2015 avec l’attaque de l’hôtel Radisson Blu de Bamako (Mali), le 15 janvier 2016 avec celle de Ouagadougou (Burkina Faso) et le 13 mars 2016 avec celle de Grand Bassam (Côte d’Ivoire) on peut dire qu’une autre attaque d’envergure est en cours de préparation dans une grande ville d’Afrique de l’Ouest. En effet, ce même cycle a été ouvert avec l’attaque du campement Kangaba du 18 juin dernier et celle de Ouagadougou du dimanche 13 août dernier. Par ailleurs, il semble aussi que pour cette dernière, la négligence sécuritaire a un peu rattrapé les Burkinabé. Ainsi, depuis un certain temps, ce sont surtout les localités situées au nord de ce pays près des frontières maliennes et nigériennes qui concentraient la majorité des forces armées. Une situation qui a ouvert des brèches à travers lesquelles les assaillants se sont engouffrés pour commettre l’attaque du dimanche 13 août. Par ailleurs, cette attaque est intervenue au même moment où étaient planifiées deux autres dans des localités environnantes à savoir Tombouctou et Douentza au Mali. Ce qui prouve l’urgence d’aller rapidement à l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel.
Burkina : La liste nominative des victimes
- Lt Tiendrébéogo Marc Stéphane, Officier burkinabè
- Zongo Insidore Manga, Burkinabè
- Diallo Abdoulaye, Burkinabè
- Sana Victoria, Burkinabè
- Kikieta Inoussa, Burkinabè
- Mme Napon, Burkinabè
- Tanon Issa, Burkinabè
- Tammy Jeanne Macky, Canadienne
- Gouy Thierry Henri, Français
- Faraad Alhoussine, KOWEIT
- Walled Ahmad, KOWEIT
- El Beli Ahmad; Libanais
- MAMA RASHID, Nigérian
- Mehsen Fenaich, Sénégal
- Mehmet Faith, Turc
Trois personnes non encore identifiées