Alors qu’elles ont officiellement été lancées, le jeudi 23 février, à Gao, après plusieurs reports, les patrouilles mixtes connaissent déjà de grandes difficultés. En effet, des échos ont récemment fait état de l’imminence du remplacement du Coordinateur du Mécanisme opérationnel de Coordination – censé abriter ces patrouilles – le Colonel Rhissa Ag Sidi Mohamed. Dans une déclaration rendue publique, le même jour, des officiers du MOC ont rejeté en bloc cette décision invitant les autorités à la sursoir « au risque de créer un désordre certain et installer la méfiance entre les différentes parties ».
Pour eux, le Colonel Rhissa Ag Sidi Mohamed a gagné l’estime et la franche collaboration des responsables des mouvements signataires, des populations locales et des partenaires nationaux et internationaux ainsi que des militaires maliens sur le terrain.
Parmi les nombreuses actions réalisées sous son commandement, ils ont cité entre autres, le fait que le Colonel Rhissa Ag Sidi Mohamed soit l’acteur principal du regain de confiance entre les différentes parties au sein du MOC ; ses missions effectuées au compte du processus du MOC pendant des moments difficile ; sa participation à la mission de récupération de véhicules militaires à la frontière algérienne (Borj Emoctar) du 10 au 16 novembre 2015 ; et celle aux diverses missions de sensibilisation sur le vivre ensemble dans les régions de Gao, Ménaka et Tombouctou…
Autant de faits qui selon les initiateurs de cette déclaration justifient le rejet du remplacement du Colonel Rhissa Ag Sidi Mohamed par les officiers et cadre du MOC.
Insuffisance d’équipements militaires
Par ailleurs, certains ont déploré l’insuffisance des équipements militaires mis à la disposition des soldats du MOC, alors qu’ils sont censés être en première ligne de la lutte contre le terrorisme. Beaucoup ont dénoncé l’absence de gilets par balle au profit de tous les patrouilleurs et surtout d’armes collectives. Pour l’heure, seuls quelques véhicules et des tenues militaires ont été mis à leur disposition. L’Etat et les partenaires se rejettent la responsabilité quant à l’équipement des soldats du MOC.
Une situation qui les rend très vulnérables face aux attaques terroristes qui ont récemment connu une recrudescence. Officiellement composées d’environ 700 soldats (militaires, plateforme et CMA) les patrouilles mixtes de Gao ont perdu une partie non-négligeable de leur effectif lors de l’attentat-suicide meurtrier revendiqué par Al-Mourabitoune, qui a secoué le camp du MOC, le 18 janvier dernier tuant plus d’une soixantaine de soldats et blessant des dizaines d’autres.
A cette situation s’ajoutent les menaces des terroristes qui ont récemment enregistré des messages sonores demandant à la population de s’éloigner de ces patrouilles et promettant de les frapper à nouveau. Actuellement, ces patrouilles se concentrent essentiellement à l’intérieur de la ville de Gao.