On en sait un peu plus sur l’identité du sous-traitant dont l’exécution a été mise en scène récemment par des éléments de la branche sahélienne de l’Etat Islamique. Le jeune homme qui avait quitté les Allemands, il y a quelques mois, il travaillait comme convoyeur pour le compte d’un transporteur à Gao.
La victime se nommerait Hachimi Dicko alias « Kévin » et habitait au quartier Château de Gao. Il vivait avec sa mère et son père réside depuis plusieurs années en Côte d’Ivoire. Il a travaillé pendant quelques temps pour le compte des casques bleus allemands basés au « Camp Castor » faisant partie du super-camp de la MINUSMA à Gao. Après sa prestation de services pour les casques bleus, Hachimi Dicko travaillait comme convoyeur pour le compte d’un transporteur à Gao connu sous le nom de Seydou Abdoulaye. Pour ce faire, ce dernier a mis à sa disposition un camion qui lui permettait d’assurer la navette entre Gao et Niamey d’où il amenait des marchandises pour le commerce.
Selon les mêmes sources, il était à son troisième voyage sur cet axe routier lorsqu’il a subitement disparu. La dernière fois qu’il a été aperçu, c’était vers la fin du mois de juin, peu avant la fête de Tabaski. Des témoins racontent que c’est de retour de Niamey, circulant entre les localités d’Ansongo et Gao, distantes d’un peu plus de 90 km sur la Route Nationale 17 (RN17) qu’il a été enlevé. Il a d’abord été débarqué de son véhicule de force par les assaillants. Après avoir fouillé ses effets personnels, ils sont tombés sur son téléphone portable comportant des photos le montrant tout souriant aux côtés de casques bleus allemands. Ce sont ces images qui ont été à l’origine de son enlèvement et sa conduite vers une destination inconnue, avant que les assaillants de l’EIGS ne mettent en scène son exécution l’accusant d’être « un espion des croisés de l’armée allemande ».
Généralement, ils utilisent le même mode opératoire consistant à attacher, dans le dos, les mains de leurs victimes et bander ses yeux avant de le faire asseoir au bord d’une fosse, pour ensuite l’exécuter.
Contrairement à leurs rivaux du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) – filiale sahélienne d’Al-Qaïda – les éléments de l’EIGS ne monnaient pas leurs otages. Ils mettent en scène leur exécution délivrant ainsi un message de terreur à tous ceux qui les défient en contribuant à leur traque. Ils ont l’habitude de diffuser ce genre de mise en scène montrant le traitement inhumain et dégradant réserbés à ceux qu’ils soupçonnent d’être des espions. Signalons aussi que l’axe Ansongo-Gao est apparemment la zone où ces terroristes opèrent le plus. Très souvent, c’est à une trentaine de kilomètres de Gao notamment au niveau du village de Kobé qu’ils interceptent les véhicules avant de faire subir aux passagers toutes sortes de supplices.
Pourtant, nos sources précisent que Hachimi Dicko était un jeune homme très sociable et surtout travailleur. Il n’a jamais montré d’intentions belliqueuses envers qui que ce soit. Seulement, il était tombé au mauvais moment, au mauvais lieu et entre les mains de mauvaises personnes.
Son exécution relance le débat sur le sort des collaborateurs locaux des contingents de la MINUSMA, une fois que le retrait de celle-ci sera effectif au plus tard le 31 décembre prochain. D’aucuns craignent le même scénario que celui survenu dans d’autres missions militaires comme en Afghanistan où le retrait de la Coalition internationale en 2021 a favorisé une sorte de chasse-à-l ’homme contre des employés locaux. Reste à espérer que des mesures soient prises pour éviter qu’un tel scénario ne se produise au Mali.