Face à la lenteur dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, notamment dans ses volets sécuritaires, certaines parties signataires n’ont pas hésité à prendre leurs responsabilités afin de sécuriser les zones où leurs forces sont déployées. C’est notamment le cas du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) et le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et Alliés (GATIA) qui ont récemment décidé de conjuguer leurs efforts avec ceux des militaires maliens afin de sécuriser la région de Ménaka et ses alentours.
C’est ainsi qu’ils ont mis en place un quadrillage sécuritaire assuré par le GATIA, le MSA et les forces armées maliennes. Ceci, pour empêcher toute incursion des éléments terroristes, notamment ceux affiliés à l’un des plus célèbres transfuges d’AQMI, à savoir Adnane Abou Walid Al-Sahraoui qui a prêté allégeance à Daech, en octobre 2015. Ce dernier, dont les éléments sont très présents dans cette zone, a décidé de perturber toute initiative allant dans le sens du retour de la paix à Ménaka.
C’est pour mieux approfondir, cette stratégie militaire que le secrétaire général du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), Moussa Ag Acharatoumane,ancien cadre du MNLA, le général El Hadj Ag Gamou, responsable militaire du Groupe d’autodéfense touareg Imghad (Gatia) et l’ancien gouverneur de Kidal, Alhamadou Ag Ilyene, désormais ambassadeur du Mali à Niamey se sont rendus à Paris. Sur place, ils rencontreront également des responsables politiques et militaires afin de demander un plus grand soutien à cette initiative qui a déjà le soutien des communautés locales.
Bien qu’elles s’inscrivent dans le cadre de l’application de l’accord d’Alger, ces patrouilles mixtes «hybrides» commencent à porter ses fruits. Ainsi, Ménaka, contrairement aux autres régions du Nord connait une grande accalmie. Outre les terroristes, une lutte sans merci a été engagée contre les braqueurs, coupeurs de route et autres malfaiteurs qui empêchaient la libre circulation des personnes et des biens. De plus, des mesures ont été prises pour réguler la circulation des véhicules et des engins à deux roues parfois très utilisés par les malfaiteurs pour commettre leurs exactions. A cette situation, il faut ajouter que Ménaka est l’une des rares régions avec celle de Tombouctou où les autorités intérimaires ont déjà commencé à travailleur conformément aux missions qui leur sont assignées. Dans ce contexte, même les prochaines élections de proximité pourront se tenir sans aucune inquiétude sur le plan sécuritaire.
Autant de réalisations à mettre à l’actif de ce dispositif qualifié de laboratoire de sécurité locale au regard des résultats satisfaisants obtenus. Toutefois, la MINUSMA et l’Opération Barkhane tardent à apporter leur soutien à cette initiative pour des raisons encore non élucidées. Sans doute, voudraient-elles en avoir les initiatives comme c’est le cas dans d’autres régions qui peinent à retrouver la quiétude malgré une forte présence de ces forces internationales.
Par ailleurs, mêmes les résultats accomplis par l’opération Barkhane en collaboration avec les armées de la région Mali, Niger et Burkina Faso restent très en deçà de ceux réalisés depuis la mise en place de ces patrouilles par les forces en présence à Ménaka. Preuve sans doute que c’est d’abord localement et avec une bonne foi des différents acteurs que la situation sécuritaire pourra être améliorée.