Comme on s’en doutait, le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) dirigé par Iyad Ag Ghali a revendiqué l’attaque perpétrée contre le poste de la gendarmerie de Sokolo, localité située dans la région de Ségou, hier dimanche 26 janvier. Le bilan fourni par le groupe djihadiste est quasiment le même établi par les autorités maliennes. Selon le JNIM, cette attaque a fait 20 soldats tués et 3 capturés. De même qu’il dit aussi avoir récupéré 9 véhicules ainsi qu’une quantité importante d’armes et de munitions. Par ailleurs, le groupe reconnait aussi avoir perdu trois de ses éléments au cours de l’attaque. Il y a lieu de signaler que les autorités avaient plutôt indiqué que le nombre d’assaillants abattus était 4.
La revendication de cette attaque porte le signe de la « Az-Zallaqa » qui n’est autre que leur bras médiatique. Rappelons que c’est à travers la même fondation que le groupe a reconnu sa responsabilité dans l’attaque perpétrée contre le poste militaire de Dioungani, dans le cercle de Koro, le jeudi 23 janvier dernier, où 7 soldats ont péri. Le groupe a même exposé comme des butins de guerre les véhicules, équipements militaires, effets personnels, téléphones portables, etc. emportés. Pour le groupe, cette attaque est une réponse à la nouvelle décision de la France d’intensifier ses interventions militaires au Sahel.
Toutefois, selon certains spécialistes c’est aussi une réponse au groupe Etat Islamique en Afrique de l’Ouest qui a en ce moment le vent en poupe avec une série d’attaques meurtrières menées au Mali, au Burkina Faso et au Niger où de nombreux militaires et civils ont été tués. Jusqu’ici le Mali était le seul théâtre où certains spécialistes avaient indiqué que Al-Qaïda et l’Etat Islamique collaborent alors qu’ils s’affrontent ailleurs à cause de leurs divergences idéologiques. Aujourd’hui, chacun montre son vrai visage en étalant ses « succès ». D’ailleurs, il est même arrivé des affrontements meurtriers opposant récemment les deux groupes. Aussi, plusieurs dizaines de combattants de Kouffa ont rejoint les rangs de l’Etat Islamique.
C’est ainsi que l’un des leaders de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest avait même envoyé il y a quelques jours une correspondance à Amadou Koufa accusant les éléments de ce dernier d’avoir tué certains éléments de l’EI. Il a ainsi demandé une vengeance ou à défaut le paiement du prix du sang pour ses combattants tués par des membres de la Katiba d’Ançar Dine du Macina, membre du JNIM. Cette situation intervient alors que Al-Qaïda centrale avait récemment publié un communiqué dans lequel il demande à sa branche malienne à savoir le JNIM de mener « plus d’attaque contre les armées de la France et des Etats Unis pour mettre en échec le G5 Sahel ». Avant d’appeler à « l’union avec les Chebab de Somalie ». Pour le spécialiste Wassim Nasr, ce communiqué entre dans le cadre des relations conflictuelles entre ces deux organisations.
Cet appel d’Al-Qaïda est pratiquement la même stratégie suivie par l’Etat Islamique au Grand Sahara de Adnane Abou Al-Walid Sahraoui (EIGS) qui inscrit ses actions dans une dynamique plus globale en s’alliant avec l’Etat Islamique en Afrique l’Ouest – qui a succédé à Boko Haram, même si certains continuent à préférer ce nom – qui sévit surtout dans les pays du bassin du Lac Tchad.