C’est une affaire qui va bien embarrasser le régime de Niamey. La police bissau-guinéenne a arrêté plusieurs personnes, samedi 9 mars dernier, pour leur implication dans un vaste trafic de drogue et parmi lesquelles, un conseiller spécial du président de l’Assemblée nationale (PAN) du Niger.
L’affaire avait commencé le samedi 9 mars dernier lorsque la Police judiciaire du pays a mené, sur la base d’informations fournies par Interpol, une opération qui a permis de saisir une importante quantité de drogue et par la même occasion, de démanteler une partie d’un vaste réseau de narcotrafiquants. Selon les premières informations données par la police bissau-guinéenne et reprises par les médias locaux, il s’agissait de 789 livres soit à peu près 800 kilos de cocaïne qui ont été dissimulés dans un camion de transport, immatriculé à Thiès au Sénégal et appartenant à « un élément associé à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ».
Selon les mêmes sources, la drogue qui est « d’un haut degré de pureté », était chargée dans un camion, stockée dans un faux fond et cachée dans plusieurs sacs de 30 kilos, eux-mêmes camouflés dans des emballages noirs. Le camion a été trouvé dans un entrepôt situé à Safim près de la capitale, et s’apprêtait à partir à destination du Mali. Selon les premiers éléments de l’enquête policière, la cargaison est arrivée dans le pays par voie maritime avant d’être entreposée dans le camion. C’est la plus importante saisie de drogue dans ce petit pays ouest-africain, ancienne colonie portugaise, depuis celle de 2007 où 650 kilos ont été saisis alors que le pays était en train de virer en « narco-état ».
Mohamed Sidi Ahmed, l’homme par qui arrive le scandale
Au cours de l'opération policière qui a duré deux semaines, après 4 mois d’investigations, quatre suspects ont été arrêtés. Il s’agit d’un sénégalais, de deux nigériens et d’un guinéen.
Ce lundi 11 mars, alors qu’à Niamey l’affaire a commencé à s’ébruiter notamment sur l’identité de l’un des suspects, la police bissau-guinéenne a effectivement confirmé l’arrestation de quatre (4) suspects à Safim et parmi lesquels, Mohamed Sidi Ahmed, un conseiller du président de l’Assemblée national du Niger. Selon les déclarations faites à Reuters par Domingos Monteiro, le chef adjoint de la Police judiciaire de Guinée-Bissau, « Sidi Ahmed qui détient une carte professionnelle de l’Assemblée nationale a été présenté au procureur de la république et a été placée en détention ».
En plus de sa carte professionnelle et valide de « conseiller spécial du président de l’Assemblée nationale », le passeport de l’intéressé fait également partie des éléments de preuves qui incriminent ce proche d’une haute personnalité nigérienne.
Liaisons dangereuses
Voilà pour ce qui est des faits et en attendant la suite de cette sordide affaire qui va mettre notre pays au-devant de l’actualité et surtout porter un coup à l’image des autorités. A plusieurs reprises déjà, des informations faisant état de certaines « liaisons dangereuses » entre certaines personnalités du régime et des narcotrafiquants et autres dangereux criminels ont été distillés dans la presse. Des informations distillées sur la base d’informations de certaines agences de renseignements notamment occidentales. Jusque-là et malgré certains faits troublants (comme certaines saisies importantes de stupéfiants au cœur même de Niamey), aucun lien n’a été formellement établi pour étayer ces accusations. Avec cette affaire bissau-guinéenne, Niamey aura du mal à se démarquer de ces réseaux de narcotrafiquants très actifs au Sahel. Des officiers de l’armée, des agents des services de renseignements, de hautes personnalités ainsi que des « faire-valoir » et autres financiers du régime ont été tour à tour indexés dans ce « business de l’ombre » donc on commencera bientôt à voir les ramifications. L’enquête continue en effet et selon les sources policières bissau-guinéennes, la coopération avec Interpol se poursuit car d’autres cerveaux de ce trafic courent toujours, et pourrait se trouver dans d’autres pays de la sous-région.
Quoique dira Niamey pour se dédouaner de cette affaire, le mal est déjà fait. Bien qu’il soit difficile d’établir en l’état actuel des choses, un quelconque lien entre Sidi Ahmed et le PAN Ousseini Tinni ou des autorités du Niger, la première leçon de cette affaire, c’est qu’il urge de veiller à restreindre la distribution à tort et à travers, des statuts et titres officiels à toutes les personnes avec qui nos dirigeants flirtent pour certes entretenir le clientélisme politique mais assez souvent et parfois aussi, pour l’odeur du cash que font sentir certaines affaires illégales mais juteuses. Comme le dit à peu près une maxime de chez nous, quand on s’assoit à la table du diable, le moindre risque auquel on s’expose, c’est de se faire arracher la main …
A.Y.B (Actuniger.com)